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beurier. — philosophie de m. renouvier

son Manuel de la philosophie ancienne. En 1851, il rédigeait, avec M. Fauvety, un curieux projet d’Organisation communale et centrale de la république où l’on trouve déjà en germe plus d’une de ses théories morales et politiques[1]. Mais ses deux œuvres capitales sont les Essais de critique générale et la Science de la morale. Son premier essai (traité de logique générale et de logique formelle) a paru en 1854 ; le deuxième (traité de psychologie rationnelle), en 1859, le troisième (les principes de la nature) et le quatrième (introduction à la philosophie analytique de l’histoire), en 1864. Cinq ans après, les deux énormes volumes de la Science de la morale étaient publiés, et entre temps M. Renouvier trouvait le loisir d’écrire dans l’Année philosophique deux grands articles qui sont à mentionner, la Philosophie du xixe siècle en France (1re  année, 1867) ; l’Infini, la substance et la liberté (2e  année, 1868).

L’Année philosophique a été continuée par la Critique philosophique qui en est maintenant à sa dixième année. Cette vaillante petite revue hebdomadaire, toujours si intéressante et si suggestive, est l’œuvre commune de M. Renouvier et d’un unique collaborateur dont il est impossible de passer le nom sous silence : nous voulons parler de M. Pillon, une intelligence nette et ferme, qui a apporté à M. Renouvier le plus précieux, le plus inestimable concours surtout dans la discussion des questions de morale politique[2]. Je serais même tenté de croire que le collaborateur n’a pas été sans influence sur le maître pour l’élaboration des formules définitives du criticisme. Ce qui est certain, c’est que ces deux philosophes ont tellement identifié leurs pensées et leurs croyances, qu’il est difficile d’attribuer à l’un plutôt qu’à l’autre les articles qu’ils laissent sans signature.

Nous n’avons pas terminé l’énumération des ouvrages de M. Renouvier : nous devons citer encore l’Uchronie ou l’utopie dans l’histoire, c’est-à-dire « l’esquisse du développement de la civilisation européenne tel qu’il n’a pas été, tel qu’il aurait pu être. » Ce livre curieux a été édité l’an dernier en même temps que paraissait une seconde édition des deux premiers essais[3], édition qui n’introduit

  1. Cet intéressant ouvrage résume les travaux de républicains de 1848, appartenant à des nuances diverses de la démocratie. Paris, 1851.
  2. M. Renouvier a hautement reconnu les services de M. Pillon dans la note finale de son deuxième essai, — M. Pillon a pris la plus grande part à la rédaction de l’année philosophique : voir notamment sa remarquable étude sur la science des religions (2e  année, 1868).
  3. Les Essais et en général tous les écrits de M. Renouvier et ceux de MM. Renouvier et Pillon sont en vente aux bureaux de la Critique philosophique, Paris, rue de Seine, 54. La Critique philosophique annonce en outre comme étant sous presse le Traité de la nature humaine de David Hume, traduction française par MM. Renouvier et Pillon. — Nous renverrons toujours, pour les deux premiers essais, à la seconde édition.