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périodiques. — Philosophische Monatshefte.

gnalé à l’attention du public et du gouvernement la déplorable facilité avec laquelle se multipliaient les promotiones in absentia, la variété arbitraire et l’inégalité des épreuves exigées des candidats, notamment à Rostock, à Gœttingue, à léna, à Giessen. Les facultés incriminées firent entendre des dénégations passionnées. L’avertissement cependant ne fut pas inutile. Bratuscheck, en exposant un projet de règlement uniforme, s’attache à montrer que l’université de Giessen, où il professe lui-même, est entrée, depuis une dizaine d’années, dans la voie des améliorations indiquées. On y a supprimé l’épreuve de la dissertation écrite ; mais l’examen oral, rendu public, a été entouré de garanties et d’exigences plus sérieuses.

Studien zur sokratisch-platonischen Litteratur, par Krohn (Halle, chez Mühlmann, 1876). L’auteur se propose, après bien d’autres, de déterminer le sens exact des théories de la République ; surtout de fixer l’époque de la composition du livre, et son rapport chronologique aux autres dialogues. Avec Hermann et Steinhart, il croit que l’ensemble se compose de parties indépendantes les unes des autres ; il trouve entre elles des contradictions nombreuses. Contrairement à l’opinion reçue, que les autres dialogues sont antérieurs à la République, et en ont préparé les doctrines, Krohn place la composition de ce dialogue au début même de la carrière de Platon. Mais ses arguments sont loin de convaincre ceux qui croient à l’unité du livre. Il ne suffit pas, en effet, pour produire cette conviction, de rassembler curieusement les sens différents que les mots φύσις εἶδος, par exemple, présentent en de nombreux endroits. Quoi qu’il en soit, la lecture des considérations invoquées par Krohn est instructive, attachante, très-suggestive, — La thèse développée dans la seconde partie de son travail est plus curieuse encore que la première. Krohn cherche à montrer que l’Apologie de Xénophon et la République sont identiques dans les principes et dans le détail des théories ; que Platon avait la première sous les yeux, en écrivant la seconde ; et que ce document fidèle d’une doctrine vénérée a dû troubler l’originalité de sa pensée, et contenir l’expression des dernières conséquences de son système.

Questions et doutes sur le dernier développement de la spéculation allemande, a Vadresse du professeur Ed. Zeller, et au sujet de son Histoire de la philosophie allemande depuis Leibniz, par Imm. Herra. Fichte. (Leipzig, chez Brockhaus, 1876) L’auteur, qui, depuis 50 ans, tient une place si considérable parmi les représentants de la spéculation spiritualiste en Allemagne, ne fait guère que reprendre dans ce nouveau livre la thèse fondamentale de son précédent écrit : « La conception théiste du monde et sa justification. » Il soutient que Zeller n’est pas suffisamment juste envers les représentants de cette doctrine. C’est que, pour Zeller, le développement de la spéculation allemande depuis Kant est entièrement achevé avec Hegel ; et que tout ce qui a suivi lui paraît accessoire. Fichte ne saurait partager cette manière de voir.