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une grandeur infinie. 3e Antithèse : Le monde est infini dans sa masse : Autrement, la matière finie se disperserait, dans l’espace infini, ce qui nous ramènerait au cas précédemment énoncé.

Wundt fait justice de ces trois antinomies dans une rapide et pénétrante analyse, qui rappelle sur plusieurs points celle de Kant, et qu’il est pour cela inutile de reproduire ici.

Kollmann. Aus dem Leben der Cephalopoden.

Curieux récit d’observations faites à l’aquarium du Dr Dohrn à Naples, sur les mœurs de certains animaux marins.


NÉCROLOGIE

M. Léon Dumont.

La Revue philosophique vient de perdre l’un de ses meilleurs et de ses plus zélés collaborateurs : M. Léon Dumont est mort le 17 janvier, à l’âge de 40 ans, au moment même où il semblait entrer dans la complète possession de sa pensée et dans la plénitude de son talent. Depuis son premier livre sur les Causes du rire, publié il y a environ quinze ans, cet infatigable esprit n’avait cessé de se développer et de se répandre dans tous les sens. Nul n’était mieux au courant du mouvement philosophique contemporain. Sa connaissance des langues vivantes, ses nombreux voyages et, avant tout, sa curiosité toujours en éveil l’y avaient préparé. Aussi a-t-il beaucoup fait par ses articles et ses ouvrages pour nous révéler les travaux étrangers. L’un des premiers en France, il a parlé de la Philosophie de l’Inconscient de Hartmann et, au moment même où il a été pris de cette maladie fatale qui l’a emporté, il achevait sur cet ouvrage une nouvelle étude que nous espérons publier. Il a été aussi l’un des premiers à nous faire connaître l’œuvre de Hæckel. Enfin dans sa Théorie scientifique de la sensibilité, il avait exposé le résultat de ses longues réflexions sur un problème qui le touchait vivement : la nature du plaisir et de la douleur. Ce travail personnel n’était qu’un prélude et il se proposait, dans le courant même de cette année, d’ébaucher pour la première fois, sous une forme systématique, l’ensemble de ses idées sur les questions philosophiques.

Ceux qui ont connu cet esprit si sincère, si loyal, si indépendant, dévoué tout entier à la recherche scientifique et rien qu’à elle, dégagé de toute ambition personnelle, sympathique à tous, ceux-là seuls peuvent comprendre quelle douleur sa mort nous a causée.

Le Propriétaire-Gérant,
Germer-Baillière.