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ANALYSESferrier. — Fonctions du Cerveau.

Un dernier fait : si l’on tourne avec rapidité autour de son axe vertical, de droite à gauche, les objets extérieurs paraissent tourner de gauche à droite, apparence qui persiste quelque temps après que l’on a cessé de tourner. Or, pour arrêter cette persistance du mouvement apparent des objets, quand l’on s’est arrêté, il suffit par un effort volontaire de diriger les yeux à droite.

Quelle est l’explication de ces phénomènes, que nous avons cru utile d’exposer avant de donner l’explication elle-même ? D’après M. Ferrier, « le cervelet serait un organe complexe, formé de centres ayant subi une différenciation individuelle, dont l’action combinée dirigerait les mouvements musculaires nécessaires au maintien de l’équilibre du corps, — de telle sorte que toute tendance à un déplacement de l’équilibre autour d’un axe horizontal, vertical ou intermédiaire, agirait comme un stimulus sur un centre spécial qui mettrait en jeu un mouvement antagoniste ou compensateur. » — « Le côté droit du cervelet, par exemple, coordonnerait le mécanisme musculaire qui prévient le déplacement de l’équilibre vers le côté gauche, en provoquant des mouvements de la tête, des yeux et des membres du côté droit. » — « De la même manière, l’excitation de la partie postérieure du lobe moyen (chez le singe), met en jeu les mouvements musculaires nécessaires pour empêcher le déplacement de l’équilibre en arrière ; » aussi avons-nous vu que la destruction de cette partie se traduisait par une tendance à tomber en arrière.

Le cervelet est donc le véritable centre du mécanisme de l’équilibre et de la coordination des mouvements, mécanisme dont les appareils afférents et efférents traverseraient les lobes optiques et la protubérance.

Les fonctions du cervelet n’impliquent ni la conscience ni la volonté, bien que le cervelet soit en rapport avec les impressions périphériques, principalement les impressions visuelles, tactiles et labyrinthiques ; — elles sont d’ordre purement réflexe. Mais comme, d’autre part, nous pouvons par la volonté, c’est-à-dire par la mise enjeu des hémisphères cérébraux, diriger nos mouvements on comprend qu’une incoordination motrice consécutive à une lésion du cervelet puisse guérir et même passer inaperçue, si la lésion s’est faite lentement. C’est une combinaison qui se réalise assez fréquemment dans la pathologie humaine et qui explique pourquoi les recherches d’anatomie pathologique, qui ont donné de si beaux résultats au point de vue des localisations cérébrales, n’ont encore pu fournir aucune base suffisante pour déterminer les fonctions du cervelet.

IV. Couches optiques et corps stries. Nous nous écarterons ici de la marche suivie par M. Ferrier qui n’aborde l’étude des ganglions de la base du cerveau qu’après celle des circonvolutions ; mais nous aimons mieux suivre l’ordre de complication croissante des fonctions.

Corps striés. Ils sont en rapport avec la motilité ; leur excitation détermine du côté opposé du corps une contraction tonique de tous