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h. taine. — les vibrations cérébrales et la pensée

l’hypothèse admise et l’on comprend maintenant pourquoi l’événement mental, étant un, nous paraît forcément double ; le signe et l’événement signifié sont deux choses qui ne peuvent pas plus se confondre que se séparer, et leur distinction est aussi nécessaire que leur liaison. Mais, dans cette distinction et dans cette liaison, tout l’avantage est pour l’événement mental ; lui seul existe ; l’événement physique n’est que la façon dont il affecte, ou pourrait affecter nos sens. Pour les sens et l’imagination, la sensation, la perception, bref, la pensée, n’est qu’une vibration des cellules cérébrales, une danse de molécules ; mais la pensée n’est telle que pour les sens et l’imagination ; en elle-même elle est autre chose, elle ne se définit que par ses éléments propres, et, si elle revêt l’apparence physiologique, c’est qu’on la traduit dans une langue étrangère, où, forcément, elle revêt un caractère qui n’est pas le sien.

H. Taine.