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ribot.psychologie de herbart

La statique de l’esprit a pour but d’étudier les conditions de l’équilibre entre les représentations, de soumettre au calcul leur arrêt réciproque et de déterminer les touts complexes qu’elles constituent en s’unissant.

Les représentations forment diverses classes, telles que les couleurs, les sons, les formes, etc., etc. Herbart appelle chacune de ces classes un continu. D’après lui, les représentations appartenant à un même continu s’opposent entre elles ; celles qui appartiennent à des continus différents ne le font pas. Ainsi la couleur ne produit aucun arrêt sur une représentation auditive, etc., etc.

Les représentations simultanées doivent, par le fait même de l’unité du sujet pensant dans lequel elles pénètrent, s’unir autant que l’arrêt réciproque ne l’empêche pas. Mais il est évident que cette union doit se faire de deux manières très-différentes, selon que les deux représentations sont de nature diverse ou de la même nature. Dans le premier cas, elles peuvent s’unir totalement ; dans le second, elles ne s’unissent qu’autant que l’arrêt le permet.

1er  Cas. Ce cas est le plus simple : Les représentations appartiennent-elles à des continus différents, « elles peuvent s’unir totalement de façon à former une seule force, qui entre comme telle dans le calcul. » C’est ce que Herbart appelle une complication ou un tout complexe (union d’un son et d’une couleur).

Les représentations appartiennent-elles à des continus de même espèce, il en résulte une union partielle, due aux oppositions qui existent entre elles. C’est ce que Herbart appelle une Verschmelzung ou une fusion (union du rouge et du bleu)[1].

2e Cas. Ici, par hypothèse, les représentations s’entravent au lieu de s’unir. Herbart réduit le problème à trois formes principales :

1° Les deux représentations sont en opposition complète et ont une intensité égale.. Soient deux états de conscience A et B, ayant .chacun une intensité = 1, et s’opposant totalement, « comme le rouge et le jaune. » Pour que l’arrêt de A fût nul, il faudrait que B disparût complètement. Mais chacune des représentations tend à se conserver et toutes deux luttent avec une force égale. Il en résulte que chacune perdra la moitié de son intensité primitive. Cette totalité d’arrêt qui se répartit entre les deux représentations, est appelée par Herbart, la somme d’arrêt.

2e Les deux représentations, A et B, sont en opposition complète et ont des intensités inégales. Soit l’intensité de A = a et celle de B = b, de telle sorte qu’on ait a > b. En ce cas, d’après l’hypothèse

  1. Herbart distingue encore la complication et la fusion en complètes et incomplètes ; mais nous ne pouvons donner tous ces détails.