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pace ; mais de représentations très-simples telles que rouge, bleu, acide, doux ; en un mot, de celles qui peuvent être fournies par un acte sensoriel immédiat et d’un moment. » C’est un principe métaphysique, — l’unité de l’âme — qui explique à la fois l’antagonisme des représentations et leur association ou fusion. Comme, en vertu du principe de contradiction, deux contraires ne peuvent exister simultanément en un même point, les représentations contraires s’arrêtent réciproquement. Sans cet antagonisme, toutes les représentations ne constitueraient qu’un seul acte d’une seule âme ; et, en réalité, elles ne constituent qu’un seul acte, tant que des obstacles quelconques ne viennent pas introduire entre elles une séparation.

Cet antagonisme entre deux états de conscience n’appartient à aucun des deux pris seul ; il résulte d’un rapport. « Si nous entendons un ut seul, il ne s’oppose pas pour nous à un . Mais si nous entendons à la fois ut, ré, ou si ces deux représentations coexistent dans notre conscience, alors nous percevons non-seulement la somme ut, ré, mais l’antagonisme entre les deux. »

D’ailleurs, entre les représentations, l’antagonisme est très-variable. « Prenons le bleu ; il est moins opposé au violet avec ses diverses nuances qu’au rouge avec ses diverses nuances. Prenons un ut, il est plus opposé au qu’à l’ut dièze, au sol qu’au mi. L’arrêt qui est la conséquence immédiate des antagonismes, doit donc varier comme ceux-ci. »

L’obscurcissement successif des états de conscience — résultat de leur arrêt réciproque — a tant d’analogie avec un mouvement, « qu’il n’y a rien d’étrange à ce que la théorie des lois de cet obscurcissement (ainsi que de l’état contraire, c’est-à-dire du retour des représentations à la conscience) ait beaucoup d’analogie avec la théorie des lois du mouvement physique en général. Tout d’abord, nous avons donc à distinguer ici, comme quand il s’agit des corps, une statique et une mécanique[1]. »

Statique de l’esprit

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Il serait au-dessus de nos forces et hors de notre compétence d’en donner ici une exposition complète. Il suffira, pour une question qui n’a plus d’ailleurs qu’un intérêt historique, d’indiquer les traits généraux.

  1. Psychologie als Wissensckaft, p. 40.