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LA PSYCHOLOGIE DE HERBART




L’Allemagne, fidèle à son habitude de célébrer le centenaire de ses hommes illustres, a consacré le 4 mai dernier un monument à Herbart, dans sa ville natale[1]. C’est donc pour nous une occasion toute naturelle de parler d’un philosophe, dont l’influence est grande encore dans son pays, et qui est peu connu dans le nôtre. Toutefois, notre intention n’est pas d’essayer ici une étude complète, ni d’embrasser le domaine entier de la philosophie de Herbart. Nous nous bornerons à sa psychologie : et même, dans ce cercle restreint, nous restreindrons encore notre tâche. La partie empirique, ou prétendue telle, nous occupera seule.

I

Herbart a exposé sa psychologie dans deux ouvrages principaux, qui ont pour titres : De la psychologie comme science, appuyée pour la première fois sur l’expérience, la métaphysique, et les mathématiques, et Manuel de psychologie[2]. Ce dernier, beaucoup plus court que le précédent, est d’une lecture plus difficile : il ne consiste guère qu’en un résumé de définitions et de formules.

Un point qu’il importe de noter tout d’abord, c’est que Herbart entend fonder la psychologie sur la métaphysique. Son point de départ est « dans l’être ». Au titre, il représente dans l’histoire de la psychologie allemande une forme de transition, entre la spéculation pure (Fichte, Hegel) et la psychologie sans métaphysique, celle de nos jours. Ceci explique aussi comment il peut être cité par des hommes tels que Helmholtz et Wundt, comment il a exercé sur eux

  1. Herbart est né à Oldenburg, le 4 mai 1776 ; il suivit les leçons de Fichte à Iéna, professa à Gœttingen et à Kœnigsberg. Il est mort le 14 août 1841.
  2. Psychologie als Wissenschaft, neu gegründet auf Erfahrung, Metaphysik und Mathematik. 1824-1825. — Lehrbuch zur Psychologie. 1815. — L’édition qui nous a servi est celle des Œuvres complètes de Herbart par Hartenstein.