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cience individuelle. À cela, il ajoute deux remarques qui nous semblent prêter à la critique : 1° Les faits exceptionnels, les cas rares lui paraissent n’offrir qu’une valeur secondaire : c’est, dit-il par les lois des fonctions normales qu’il faut les expliquer, bien loin de s’appuyer sur eux pour une explication. Soit ; mais M. Windelband ignore-t-il quel profit les études physiologiques ont tiré de l’examen des cas rares et quel jour les perturbations fonctionnelles jettent sur l’état normal ? 2° Il dit qu’en penchant du côté de l’ethnographie, la psychologie ne tirera rien ; car un amas de faits ne constitue pas une science. Remarque très-juste à notre avis ; mais si c’est une condamnation de la méthode comparative, nous objecterons encore à M. Windelband les résultats que es naturalistes ont tirés de cette méthode.

Il remarque en terminant que les empiriques de l’école de Herbart, en Allemagne, et l’Association-psychology en Angleterre ont fait de grands efforts pour trouver des principes généraux d’où l’on puisse tout dériver. Il espère que ces efforts aboutiront au moins à unifier le langage psychologique et à mieux déterminer les formes élémentaires.

En somme, l’auteur nous parait hésiter entre deux tendances : il reconnaît que l’expérience a produit de bons résultats, mais c’est surtout vers l’observation intérieure, qu’il semble pencher.


Fernand Papillon : Histoire de la philosophie moderne dans ses rapports avec le développement des sciences de la nature, ouvrage posthume, publié par M. Charles Lévêque, membre de l’Institut. — 2 vol. in-8o, de 351 et de 419 p. Paris, Hachette, 1876[1].

Cette histoire de la philosophie moderne se distingue entre toutes les autres par des caractères essentiels. Elle est écrite par un spiritualiste : nous le savons par les déclarations expresses et répétées de l’auteur lui-même ; et elle étudie la philosophie moderne dans ses rapports avec le développement des sciences de la nature. Que, dans notre siècle, aucune école de philosophie ne puisse avoir de crédit véritable sur l’opinion publique si elle reste purement littéraire, si elle ignore ou dédaigne les sciences, c’est une vérité évidente, que les représentants les plus autorisés de l’École spiritualiste française ont reconnue depuis bien des années. Il serait aisé de citer une foule de travaux composés par des spiritualistes où l’on a tenté de donner une place suffisante à la critique des idées, des hypothèses, des systèmes scientifiques. Mais une histoire de la philosophie moderne dans ses rapports avec le développement des sciences de la nature est une œuvre immense qui suppose une longue et minutieuse préparation,

  1. Pour le compte-rendu du 1er  volume, voir la Revue philosophique du 1er  avril 1876, tome 1er , p. 426.