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analyses. — windelband. Recherches psychologiques.

est absurde de dire qu’il y ait en ce cas une représentation de la peine elle-même. De même on peut éprouver de la peine à se rappeler certains actes agréables, par exemple des regrets en se souvenant d’excès qui ont été nuisibles, etc. La représentation est un fait tantôt pénible, tantôt agréable par lui-même, suivant les cas. Mais un plaisir, une douleur peuvent être renouvelés, ils ne peuvent pas être pensés ; ce qui n’empêche pas le souvenir d’une cause de plaisir d’être souvent agréable, et le souvenir de certains faits douloureux d’être lui-même pénible.

La confusion perpétuelle des sentiments avec d’autres phénomènes enlève beaucoup de leur précision et de leur valeur aux considérations par lesquelles Horwicz termine son ouvrage, considérations qui ont pour objets : A, la réaction et l’expression des sentiments ; — B, leurs rapports de succession ; — C, leur durée ; — D, leur degré ; — E, leur évolution. La plupart des observations de l’auteur sont souvent fort justes, à la condition d’être appliquées plutôt aux passions et aux instincts qu’au plaisir et à la douleur.

Léon Dumont.

W. Windelband : Ueber den gegenwaertigen Stand der psychologischen Forschung. (De l’état actuel des recherches psychologiques.) Leipzig, 1876.

Cet opuscule est le discours d’ouverture prononcé par M. Windelband (précédément privat-docent à Leipzig) en prenant possession de sa chaire à la Hochschule de Zurich, où il a succédé, croyons-nous, à M. Wundt. Le sujet qu’il a choisi est attrayant ; mais il ne nous a pas été possible de tirer une conception bien claire de ce qu’il en dit.

L’auteur commence par exposer que depuis quarante ou cinquante ans que les recherches expérimentales ont commencé à se propager, la psychologie tend à faire ce que beaucoup d’autres sciences ont fait avant elle : à se détacher de la métaphysique et à se rendre complètement indépendante. L’expression la plus générale de cette tendance à ne rien savoir de la nature de l’âme et à se borner à l’étude des lois de la vie psychique est le mot de Lange, « une Psychologie sans âme. » L’auteur ne paraît point goûter cette conception. Tout en reconnaissant l’importance des recherches physiologiques et psychophysiques pour la connaissance des fonctions élémentaires de l’âme, il insiste sur ce point, qu’une psychologie strictement expérimentale, procédant rigoureusement comme les sciences physiques, ne connaîtrait que l’expérience externe. M. Windelband a parfaitement raison : aussi la question n’est pas de savoir si une étude purement physique et physiologique peut constituer la psychologie — ce qui est insoutenable — ; mais en quelle mesure ces études et les recherches psychophysiques peuvent y aider. L’auteur soutient que le point de départ de la psychologie doit être dans les faits de la vie journalière et habituelle, à condition de ne pas les prendre sous la forme grossière et indéterminée où nous les présente la cons-