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et du général au particulier — les hommes sont mortels, donc Jacques, Jean, Mathieu mourront —. La démonstration des lois réside dans l’accord entre les faits et les conclusions théoriques.

On peut encore dire — car la chose revient au même — que la science compose et décompose les concepts ou les idées que nous nous faisons des choses. Ainsi la botanique cherche à composer le concept de plante, et le décompose à chaque moment de sa constitution pour en vérifier l’exactitude.

La logique a pour objet les concepts en général, et elle recherche les règles de leur composition — logique inductive — et de leur décomposition — logique déductive. En d’autres termes, elle nous enseigne comment on arrive à énoncer des propositions générales et comment on s’assure de leur légitimité. Elle présente ceci de particulier que les règles formulées par elle s’appliquent non-seulement aux autres sciences, mais encore à elle-même.

Nous nous occuperons uniquement de la logique déductive qui a pour objet le concept en tant que formé. Elle doit commencer par en préciser la nature, mais elle ne peut en fournir une définition réelle, puisque c’est de son objet même qu’il s’agit ; elle peut seulement en faire la description, le circonscrire, le délimiter.

I. Du Concept.

1. Définitions. Le concept est un être idéal autour duquel on réunit les qualités communes que l’esprit découvre dans les choses qui constituent un certain groupe, L’extension du concept est l’ensemble des choses auxquelles il est commun ; la compréhension est la somme des qualités que l’esprit a reconnues dans ces choses.

Remarque 1. Le concept diffère de sa compréhension en ceci : dans le concept les qualités constituent une unité. Que le concept ait une extension et une compréhension, c’est là une donnée expérimentale qui sert de point de départ à la logique. Vérifiée sur un certain nombre de concepts, cette proposition est généralisée par hypothèse et sert de fondement aux propositions subséquentes.

Rem. 2. Il y a un certain rapport inverse entre la compréhension et l’extension, mais ce rapport inverse ne peut s’exprimer mathématiquement[1]. Ce qui est néanmoins certain, c’est que la compréhen-

  1. Drobisch a ramené ce rapport à une loi logarithmique. Ueberweg (System der Logik, 4e éd., p. 114 sqq) démontre parfaitement la fausseté de cette loi et les difficultés d’une pareille tentative.