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Paul dumont. — m. delbœuf et la théorie de la sensibilité.

dans plusieurs mémoires publiés dans les recueils de l’Académie royale de Bruxelles[1], en partie dans trois ouvrages plus importants : 1º Étude psychophysique, recherches théoriques et expérimentales sur la mesure des sensations[2] ; — 2° Théorie générale de la sensibilité, mémoire contenant les éléments d’une solution scientifique des, questions générales relatives à la nature et aux lois de la sensation, à la formation et au rôle des organes des sens, à l’action de la sensibilité sur le développement physique et intellectuel de l’individu et de l’espèce[3] ; — et 3° La psychologie comme science naturelle[4]. Ces deux derniers ouvrages, publiés simultanément, en partie se répètent et en partie se complètent.

II

C’est une théorie particulière de la sensibilité qui forme le point capital du système philosophique de M. Delbœuf, et c’est cette théorie que nous devons soumettre à un examen rigoureux. Mais auparavant il est nécessaire de dire quelques mots de la méthode de l’auteur.

M. Delbœuf se range au nombre des philosophes qui s’efforcent de donner à la philosophie un caractère scientifique. Un de ses ouvrages est un livre de « logique scientifique » ; un autre traite de « la psychologie comme science naturelle » ; un troisième est un « mémoire contenant les éléments d’une solution scientifique des questions relatives à la nature et aux lois de la sensation, à l’action de la sensibilité ». Nous savons que certains critiques n’approuvent pas cette qualification de scientifique appliquée à une philosophie. On nous dit que c’est de la tautologie et que toute philosophie se donne comme une science ; on blâme surtout cette expression de « Théorie scientifique de la sensibilité », sous le prétexte que « toutes les théories ont la prétention d’exprimer les vrais rapports des choses, de tenir compte des faits, en un mot, d’être scientifiques[5] ». Il nous semble cependant que l’on oppose assez fréquemment la philosophie aux sciences ou les sciences à la philosophie, pour que chacun comprenne ce qu’on se propose de faire entendre, en appliquant à un système

  1. Notes sur les illusions d’optique. Bulletin de l’Académie royale de Belgique, 2{{e} série, tome XIX, nº 2 ; tome XX, nº 6.
  2. Bruxelles, 1873, in-8º.
  3. Bruxelles, 1876, in-8º.
  4. Bruxelles, 1876, in-8º.
  5. Voyez Revue philosophique, tome I, p. 433.