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SCHOPENHAUER

ET SON DISCIPLE FRAUENSTAEDT
(SUITE ET FIN)[1])


XI

La volonté et son contenu.


Nous avons vu plus haut que la volonté poursuit un but dans ses actes déterminés, mais qu’elle est sans but, si on fait abstraction de telle détermination idéale concrète. Le vouloir en lui-même est le côté purement formel de la fonction réelle de l’Être un et universel ; il consiste à transformer, à réaliser en réalité la représentation inconsciente ; ce qui est réalisé n’est plus préformé dans la volonté elle-même, mais dans le contenu de la volonté que nous avons appris à connaître comme anticipation idéale de l’avenir, c’est-à-dire comme idée. De même que les idées particulières constituent le contenu des actes particuliers de la volonté, de même la totalité des idées, ou l’idée absolue, universelle, constitue le contenu du vouloir total du monde. C’est en elle que la volonté universelle trouve certainement une essence complète et en même temps aussi un but complet de son activité, mais cette finalité du monde n’est pas dans le vouloir en lui-même, ni même dans la nature de la volonté potentielle, mais dans l’idée qui remplit la volonté en tant que son contenu. De même que la pluralité des idées est seulement la variété intérieure de l’idée une et absolue, de même aussi la pluralité simultanée des actes de la volonté, n’est que la réalisation simultanée des diverses idées partielles comprises dans l’idée unique. La volonté qui agit ici n’est pas différente de celle qui agit là, ce sont seulement différents côtés d’une volonté une et identique, et si nous faisons abstraction des différences du quid ou de l’essence idéale, qui n’atteignent pas la volonté elle-même, il se rencontre seulement des différences d’intensité. Par rapport à

  1. Voir le n° du 1er juin.