déterminisme des modifications nous sont infailliblement donnés. Si nous transportons à la nature, si nous objectivons ces lois du sujet pensant, c’est que l’expérience des phénomènes externes nous apprend que le changement est, en dehors de nous comme en nous, soumis à des règles, rattaché à un principe d’unité et d’ordre ; c’est que nous sommes portés à croire à l’unité de l’être en dehors et au-dedans de nous-mêmes.
IVe Livraison. — Cette livraison est remplie presque tout entière par une étude très-approfondie, très-intéressante, du professeur Karl Böhm de Buda-Pesth sous ce titre : Contributions à la théorie de la, conscience. Elle mérite une analyse étendue. Le problème qui passionnait les psychologues au xviie et au xviiie sièclesétait celui de la distinction de l’esprit et de la matière. Aujourd’hui ce problème est abandonné aux métaphysiciens. Du reste, la spéculation du xixe siècle, qui n’est autre pour l’auteur que la spéculation allemande, l’a résolu dans le sens de l’idéalisme ; et Böhm commence et termine son étude en déclarant qu’il se rallie aux conclusions de cette métaphysique. Mais il s’agit ici de psychologie. Le vrai problème qui s’impose aujourd’hui est le suivant : comment la conscience se produit-elle, quel est le mécanisme de son apparition ? Toute la théorie de l’auteur repose sur l’opposition de l’activité inconsciente et de la vie consciente de l’âme ; sur l’affirmation très-décidée que l’essence de l’esprit ne réside pas dans la conscience, que la pensée peut exister sans la conscience. La métaphysique allemande depuis Kant s’appuie sur ce principe : et son unique et constant effort est de démontrer comment de l’esprit absolu, inconscient, sort l’esprit fini et conscient. Comme dit Schelling, la philosophie n’est que « l’histoire du développement de la conscience. » Tandis que Fichte, Schelling, Hegel, essaient de résoudre le problème par la méthode purement métaphysique, l’école de Herbart et à sa suite Fechner et Beneke, ainsi que l’école de Schopenhauer, abordent la question par le côté psychologique. Il faut dire encore que les dialecticiens de l’absolu ont recherché surtout les conditions logiques de la conscience de soi (Selbstbewusstsein), qui est la forme la plus haute et dernière de la conscience ; mais qu’ils ont laissé aux autres philosophes le soin d’expliquer l’origine et le mécanisme de la simple conscience, le passage de l’inconscience à la conscience.
L’auteur examine successivement, dans une rapide mais décisive analyse, les solutions de ses devanciers. Il combat Fichte par Herbart. Nous recommandons surtout la critique pénétrante qu’il fait de ce dernier. Herbart méconnaît des vérités incontestables. Il est impossible de s’expliquer sans une réaction propre de l’âme comment une représentation d’inconsciente devient consciente : le simple conflit des représentations entre elles, tant qu’elles sont inconscientes, ne résout pas le problème. Herbart ne nous donne aucune unité de mesure pour apprécier l’énergie relative des représentations ; et c’est pourtant de cette énergie qu’il fait dépendre la conscience que nous en prenons. —