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analyses. — maudsley. Physiologie de l’esprit.

elle reste dans ses limites et qu’elle est employée par des gens compétents, elle donne des résultats aussi utiles qu’indispensables » (p. 47). Mais il soutient — et pour notre part nous nous associons de tout cœur à cette opinion — que, réduite à elle seule, elle n’est pas une méthode et qu’elle ne peut aboutir qu’à l’impuissance et à la stérilité.

Ne pouvant essayer de suivre l’auteur dans son exposition systématique de la Physiologie de l’esprit, nous noterons les points qui nous ont paru le plus curieux.

L’esprit est étudié d’abord dans ses rapports généraux avec le système nerveux dont il est considéré simplement comme une fonction. Suivant une opinion propre à l’auteur et sur laquelle il revient à plusieurs fois, l’esprit peut être considéré « comme une exaltation et une concentration de la force. » De même qu’un équivalent de force chimique correspond à plusieurs équivalents de force inférieure et qu’un équivalent de force vitale correspond à plusieurs équivalents de force chimique ; de même, dans l’échelle des tissus, le plus élevé représente le plus grand nombre de forces agissant simultanément. Si nous supposons qu’un tissu subit une décomposition ou une métamorphose rétrograde, son énergie se résoudra en modes inférieurs… La plus haute énergie de la nature est en réalité la plus dépendante ; et c’est parce qu’elle contient implicitement la quintessence de toutes les espèces inférieures d’énergie qu’elle peut exercer une influence puissante sur ces forces inférieures qui servent à son évolution. Comme l’homme de génie contient implicitement l’humanité, ainsi l’élément nerveux contient implicitement la nature[1].

Après cette étude générale, l’auteur classe les centres nerveux sous quatre titres : organiques, réflexes, sensoriels, idéationnels. Les derniers chapitres sont consacrés aux émotions, à la volition, à l’actuation (c’est-à-dire à la transformation des sensations, images, etc., en actes réels, tels que les attitudes du corps, le langage, etc.), à la mémoire et à l’imagination.

Nous signalerons au lecteur le chapitre sur la Mémoire (surtout le commencement) qui peut être considéré comme le type de la méthode physiologique de l’auteur. La mémoire y est étudiée « comme un enregistrement organique des impressions », elle existe dans chaque élément organique du corps, dans chaque cellule nerveuse. « Car les effets permanents produits sur la constitution par un virus particulier, comme celui de la variole ou de la syphilis, prouvent que les éléments organiques se rappellent, pour le reste de leur vie, certaines modifications qu’ils ont souffertes. »

Le chapitre sur les émotions ou affections de l’esprit qui nous avait paru l’un des plus remarquables du livre, a été, dans cette nouvelle édition, étendu et complété. M. Maudsley, comme la plupart des aliénistes, a été frappé de cette prépondérance du sentiment dans la vie

  1. Page 131. Voir sa Theory of Vitality dans Body and Mind.