Dr Frederichs : Les principes de l’idéalisme critique (Die Principien des kritischen Idealismus).
L’idéalisme critique de M. Frederichs est un retour à la pure doctrine de Kant, modifiée seulement par la part faite à l’activité inconsciente de l’esprit dans la construction de la réalité extérieure. Deux facteurs concourent à la formation de nos sensations et de nos perceptions : l’activité créatrice de l’esprit inconscient et les impressions extérieures. La première en est la condition positive, celles-ci n’en sont que les conditions négatives.
À l’explication du monde des phénomènes, la finalité n’est pas moins nécessaire que le mécanisme. Le Darwinisme lui-même ne reconnaît-il pas une finalité inhérente à la matière vivante, bien qu’il prétende tout expliquer par le mécanisme ?
En dehors du monde des phénomènes, l’idéalisme critique admet l’existence de la chose en soi, mais renonce à en pénétrer l’essence, la nature.
Il n’est pas pour cela enfermé dans le cercle étroit des phénomènes. C’est que la raison est la faculté des idées. Elle poursuit l’absolu, sans croire que l’expérience puisse le lui donner ; mais elle le trouve dans l’idée de la liberté, d’une volonté absolument autonome et raisonnable, qu’elle conçoit comme la fin suprême, à laquelle la nature et l’esprit sont suspendus.
Avec le pessimisme, l’idéalisme critique reconnaît que cet idéal suprême n’est pas réalisable dans la vie présente. Il en conclut que la destinée humaine dépasse les bornes du monde actuel, et n’hésite pas à demander à l’immortalité, à la providence, la satisfaction de sa foi morale.
À cet idéalisme critique, qui se montre si sévère pour les affirmations dogmatiques de l’idéalisme absolu de Hegel, le professeur Lasson reproche d’être un dogmatisme moral très-décidé, mais sans vouloir l’avouer. Répondant à une objection spéciale du Dr Frederichs, M. Lasson affirme qu’il est injuste d’accuser l’idéalisme absolu de faire sortir de la catégorie la plus vide, celle du néant, la riche variété des déterminations de l’univers réel. Au sein de l’Idée, tout est contenu en puissance : autrement, il n’y aurait pas de développement.
M. von Kirchmann soutient que l’Idéalisme critique, celui de Kant comme celui de M. Frederichs, est condamné au scepticisme par le dualisme du phénomène et de la chose en soi.
Dr Vogel : Sur le problème de la Matière (Ueber das Problem der Materie).
Une communication du docteur Vogel à propos d’un ouvrage d’Ernst Krey « sur le problème de la matière », essaie de rajeunir l’idéalisme subjectif de Fichte, en faisant de la réalité matérielle, le produit d’une