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Brahma[1] ; Varuna le satisfait en identifiant tour à tour Brahma à la nourriture (anna), au souffle vital (prâna), à la pensée (manas), à l’intelligence (vijnâna) et au bonheur (ânanda), c’est-à-dire aux différentes transitions par lesquelles passent les êtres avant de perdre leur individualité dans l’être universel.

La Praçna-Upmiishad, sans procéder d’une autorité aussi haute, puisqu’elle consiste dans les réponses que fait le sage Pippalâda aux questions que lui adressent six brahmanes désireux de connaître Brahma suprême (param hrahma), repose également sur la révélation car, à l’époque où elle a été composée, Pippalâda, à titre de chantre de l’Atharva-Veda, devait être considéré comme un auteur inspiré d’en haut.

La doctrine de la Katha-Upahishad, est exposée à Naciketas par Mrityu, ou la mort personnifiée, dans des circonstances singulières. Naciketas étant encore tout jeune (kumâra) voit son père donner aux brahmanes, comme salaire des sacrifices qu’ils célèbrent pour lui, des vaches mourant de soif et de faim, dont le lait a été trait et qui sont épuisées[2]. Il en conclut que ce défaut de libéralité aura pour effet de ne procurer à son père que des mondes dépourvus de bonheur (anandâ nama lokâh) et, pour éveiller son attention à cet égard, il lui demande à qui il le donnera lui-même, comme pour indiquer que ses dons ne sont pas suffisants et qu’il doit joindre son fils au bétail offert par lui aux prêtres. Le père saisit l’intention de reproche que contient, cette question et lui répond dans sa colère qu’il le donne à la Mort. Cette parole imprudente reçoit son exécution sur les instances de Naciketas lui-même, qui dit à son père pour le consoler : « L’homme se consume comme un grain (de blé ou de riz) et, comme un grain, il renaît[3]. » Arrivé chez la Mort, il est accueilli par elle avec les égards qu’on doit à un hôte et elle l’engage à présenter trois demandes qu’elle promet de satisfaire. Le premier vœu de Naciketas est que son père le reconnaisse quand la Mort le renverra[4] ; le second, est de connaître le feu (du sacrifice) qui procure le ciel[5], car ceux qui possèdent le ciel jouissent de l’immortalité[6] ; le troisième, enfin, est d’apprendre la science qui fait cesser le doute que l’on a sur la condition de l’homme après la mort, les uns disant ce il est (encore) », d’autres « il n’est plus[7]. » La Mort, qui

  1. Adbîhi bhagavo brahmeti.
  2. Pîtodakâ jagdhatrnâ dugdhadohâ nirindriyàh.
  3. Sasyam iva martyah pacyate sasyam ivàjàyate punah.
  4. Tvatprasrshtam màbhivadet (pità), pratitah.
  5. Agnim svargyam.
  6. Svargalokâ amrtatvam bhajantê.
  7. Yeyam prête vicikitsâ manushye’ stîty eke nayam astîti caike etadvidyàm anuçishtas tvayâham varânâm esha varas trtîyah.