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« c’est moi » (m. à m. je suis celui-là), puis l’on décline l’autre nom qu’on a en propre…[1] ».

1. 4. 2. — « Elle (l’âme sous forme humaine) eut peur. C’est pour cela qu’une personne seule a peur…[2] ».

1. 4. 3. — « Elle (l’âme) n’éprouvait pas de plaisir. C’est pour cela qu’une personne seule n’éprouve pas de plaisir… »[3].

Plus loin (1. 4. 7.), les auteurs de l’Upanishad voulant établir que l’ensemble des choses sensibles se divise en deux grandes catégories, le nom et la forme, diront :

« Cet (univers) n’était donc pas manifesté. Il se manifesta par le nom et la forme, de sorte qu’on pût dire « il a tel nom, telle forme. » Aujourd’hui encore, il se manifeste de manière qu’on puisse dire (pour désigner un objet quelconque), « il a tel nom, telle forme »[4].

Yâjnavalkya, dans un des passages où il est mis en scène (3. 7, 2), a recours au même procédé de démonstration, ou plutôt de confirmation.

« C’est l’air, dit-il, ô Gautama, qui est le fil par lequel ce monde-ci et l’autre, et tous les êtres sont reliés ensemble. C’est pour cela, ô Gautama, qu’on dit d’un homme mort, « ses membres sont détendus, » car l’air (les esprits vitaux), ô Gautama, est le fil qui les reliait[5]. »

Et aussi dans un autre passage (4. 3. 5) où, à cette question que lui pose Janaka : « Quelle est la lumière de l’homme (ou la lumière qui est l’homme, c’est-à-dire l’âme, par suite d’un jeu de mots sur le double sens de purusha, qui signifie homme et âme suprême) quand le soleil et la lune sont couchés et que le feu est éteint ? »

Il répond :

« La parole est sa lumière ; car c’est avec la parole comme lumière qu’il s’assied, se promène, fait sa besogne et revient chez lui. C’est pour cela, ô grand roi, que quand l’obscurité est telle qu’on ne distingue pas sa propre main, on se dirige là d’où vient la voix[6]. »

  1. Âtmaivedam agra âsît purushavidhah so’ nuvîkshya nânyad âtmano’ paçyat so’ ham asmîti agre vyâharat tato’ ham namâbhavat tasmâd apy etarhy âmantrito’ ham ayam ity evâgra uktvâthânyan nâma prabrûte yad asya bhavati.
  2. So’ bibhet tasmâd ekâkî bibheti.
  3. Sa vai naiva reme tasmâd ekâkî naramate.
  4. Tad dhedam tarhy avyâkrtam âsît tan nâmarûpâbhyâm eva vyâkriyatâsau nâmâyam idamrûpa iti tad idam apy etarhi nâmarûpâbhyâm eva vyâkriyate’sau nâmâyam idamrûpa iti.
  5. Vâyunâ vai gautama sûtrenâyam ca lokah paraç ca lokah sarvâni ca bhûlâni sa'mdrbdhâni bhavanti tasmâd vai gautama purusham pretam âhur vyasramsishatâsyângânîti vâyunâ hi gautama sûtrena samdribdhâni bhavanti.
  6. Astam ita âditye yâjñavalkya candramasy astamite çânte’ gnau kim jyotir evâyam purusha iti vâg evâsya jyotir bhavatîti vâcaivâyam jyotishâste palyayate karma kurute vipalyetîti tasmâd vai samrâd api yatra svahnir na vinirjñâyate’ tha yatra vâg uccarayaty upaiva tatra nyeti.