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L'ESTHÉTIQUE ALLEMANDE
CONTEMPORAINE

Max Schasler[1]

L'esthétique, après avoir été cultivée en Allemagne par tant d'esprits différents, au sein des diverses écoles, semble aujourd'hui être entrée dans une phase nouvelle. Ce qui caractérise ses plus récents travaux c'est : 1° la tendance marquée de l’idéalisme à se rapprocher du réalisme ; 2° l'adjonction de l’histoire de la science à la science elle-même qui, sans son secours, ne croit pouvoir marcher en avant et accomplir de nouveaux progrès. Elle y trouve à la fois un moyen d'accroître son édifice et de s'affermir sur sa base, de se consolider.

Voilà ce que nous avons essayé de montrer dans un précédent article[2]. Nous avons dû nous borner à donner un simple aperçu général des travaux exécutés en Allemagne dans cette portion du domaine philosophique par les diverses écoles, depuis Hegel jusqu'à nos jours, et qui aboutissent à ce résultat. Il s'agirait de reprendre les plus importants et de les apprécier plus en détail. Nous commencerons par celui qui a paru le dernier et où cette tendance est le plus manifeste : Histoire critique de l’Esthétique, pour servir de base à la philosophie du beau et de l’art, par M. Max Schasler. Nous ne pourrons nous occuper que de l'ensemble et des points principaux. Nous tâcherons de mettre en lumière, en les précisant, le dessein et la pensée de l'auteur, ses principes et sa méthode. Un examen rapide des différentes parties de son œuvre nous permettra de l'apprécier et d'en dégager le résultat. On verra jusqu'à quel point il a réussi dans le dessein qu'il s'est proposé. Il nous sera facile aussi de faire voir ce qui de ce travail doit profiter à la science dans la nouvelle direction imprimée à ses recherches.

  1. Kritische Geschichte der Æsthetik. Grundlegung der Æsthetik als Philosophie des Schönen und der Kunnst, 1872. Histoire critique de l'Esthétique pour servir de base à l'Esthétique comme philosophie du beau et de l'art.
  2. N° 2 de la Revue, février 1876.