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analyses. — j.-f. astié. Théologie allemande.

nalité, exactement dans le même sens où le Christ historique le fut après sa venue : un moi distinct de celui du Père, un moi voulant, pensant pour son propre compte, écoutant le Père, apprenant de lui, se laissant envoyer par lui, se décidant lui-même à accepter cette mission et se rappelant ensuite sur la terre toutes ces choses, qui se sont déjà passées dans les cieux. La notion même d’un tel moi implique ceci : quand il est venu sur la terre il était déjà parfait, complet, et par conséquent ce n’est qu’en apparence qu’il s’est développé, qu’il a combattu, qu’il a vaincu et s’est sanctifié. — Telle n’est pas la notion de la préexistence à laquelle nous arrivons en consultant le témoignage que Jésus rend de lui-même. Dieu place dans la trame de l’histoire le type préexistant comme disposition primitive de la personne du Christ. Ce type doit sans contredit être conçu comme personnel, en tant qu’il est justement l’image du Dieu personnel et le type primitif de la créature personnelle. Mais il ne faut pas se représenter cette image, ce type, comme une seconde personnalité à côté de la personnalité absolue de Dieu le Père ; car-il est. ce type, un moment essentiel de la personnalité absolue elle-même. Par conséquent ce type participera essentiellement à la pensée, à la volonté, à toute la vie personnelle de Dieu le Père. Mais il ne pourra pas être question de lui attribuer une pensée, une volonté propre et spéciale qui ne s’accorderaient que par suite de son consentement avec la pensée et la volonté de Dieu. La préexistence de ce type sera donc réelle dans le sens le plus élevé du mot, et toutefois, comparée à l’existence historique du type, cette préexistence sera idéelle. Elle sera réelle, non-seulement parce que tout ce que Dieu veut et pense a par cela même réalité en lui ; mais encore parce qu’il ne saurait y avoir rien de plus réel que l’essence divine, telle que Dieu la pose en face de lui-même pour la distinguer de sa personne, en vue de la révéler au dehors. Et elle sera pourtant idéelle, cette préexistence, parce que, comparée avec la personne historique du Christ, elle ne lui est pas identique, mais bien son type primitif, son idée, le principe de cette personne historique, en tant que ce principe est inhérent à Dieu. »


Nous le répétons en terminant cette revue, — et nous pensons qu’il ne peut y avoir aucun doute sur notre pensée — notre intention n’est nullement d’engager les philosophes français à aborder une série de problèmes avec lesquels notre éducation et nos habitudes d’esprit ne nous ont pas familiarisés. Ces études ne pourraient offrir en France un intérêt profond que le jour où le catholicisme témoignerait d’une sincère volonté de se réconcilier avec la recherche indépendante, et, dans ce cas même, les questions se poseraient tout autrement qu’elles ne l’ont été sur un sol protestant comme celui de l’Allemagne. Mais nous serons d’autant plus fort de cette déclaration pour affirmer que nous ne connaîtrons jamais que très-incomplétement le développement de la pensée allemande, si nous supprimons dans son étude les parties qui