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ANALYSES ET COMPTES-RENDUS



J.-F. Astié : La théologie allemande contemporaine. — Genève, Bâle, Lyon, 1875. Georg, éditeur.

Un professeur distingué de Lausanne, qui a fait ses preuves sur le domaine de la philosophie et de l’histoire religieuses, a entrepris de faciliter au public de langue française la connaissance des récents travaux de la théologie allemande. C’est rendre un service important à tous ceux qui se préoccupent du mouvement intellectuel en Europe : en effet, tandis qu’en France et dans les autres pays catholiques, l’Église a rompu entièrement avec le mouvement de la pensée philosophique, et que celle-ci s’est trouvée dans l’obligation de ne plus compter avec elle, il s’est fait en Allemagne depuis cinquante ans un effort constant, souvent remarquable, pour conserver des liens, les plus intimes possibles, entre les travaux des philosophes et ceux des théologiens. Bien que la théologie philosophique, ou dogmatique, soit entrée là aussi dans une période de déclin, il est à noter que pas une des constructions d’ensemble tentées par les théologiens et accueillies avec quelque faveur dans le public, ne s’est mise à l’écart du courant général de la pensée contemporaine. Il y a donc un réel profit à voir comment des hommes de mérite et de science ont essayé de conformer à nos habitudes de penser et de comprendre les principaux points de la foi de l’Église.

On sent qu’il ne serait point à propos d’apporter du parti-pris en cette affaire. A cet égard M. Astié est le meilleur des guides. Profondément versé dans la matière, il se montre à la foi indépendant et impartial dans l’analyse des nombreuses hypothèses qui ont pullulé dans les facultés de théologie, depuis que l’ancien dogme a été reconnu intenable. Ne se préoccupant point de faire triompher un point de vue particulier, mais animé à l’égard des travaux de métaphysique religieuse d’une confiance que nous admirons sans la partager entièrement, il a su relever par l’animation de son style et par une clarté plus louable encore en pareil sujet, l’aridité d’une lâche où il ne peut compter que sur des sympathies bien restreintes. Nous désirerions pour le public français que, sans épouser des manières de voir, je dirai plus, des modes de penser qui ne semblent conformes ni à notre éducation, ni à notre esprit, on reconnût parmi nous la nécessité de faire dans les travaux relatifs à la philosophie étrangère une place hono-