Page:Revue pédagogique, second semestre, 1915.djvu/57

Cette page n’a pas encore été corrigée
45
LA CURE D’AIR PAR LA MUTUALITÉ SCOLAIRE

Les instituteurs et institutrices connaissent en général les parents de leurs élèves et le milieu dans lequel ils vivent. Leur attention est frappée par des enfants au teint pâle, à la constitution grêle, qui manquent souvent en classe et se fatiguent au moindre effort. Ils savent, d’autre part, quels sont les élèves mutualistes qui ont été atteints de rougeole, de fièvre scarlatine, de grippe… et qui, sans exiger de soins spéciaux, paraissent avoir besoin du « coup de fouet » que donne un séjour à l’air pur et au soleil vivifiant, pour se rétablir complètement et se garantir contre une nouvelle maladie, surtout contre l’éclosion de la tuberculose.

Ce sont ces deux catégories d’enfants qu’ils signaleront particulièrement à l’examen attentif des médecins inspecteurs des écoles, lesquels désigneront à leur tour, en les classant par ordre d’urgence, ceux dont la constitution physique nécessite l’envoi à une station de plein air.

[Il appartiendra ensuite au Conseil d’administration de la mutualité de faire procéder, s’il le juge nécessaire, à un deuxième examen par le médecin qu’il aura choisi, car il y a bien des degrés dans la débilité, et il importe d’établir une sélection rigoureuse de nature à éviter autant que faire se peut les réclamations des familles.

On ne saurait malheureusement admettre au bénéfice de la cure d’air tous les sociétaires débiles : ils sont trop nombreux, surtout dans les grandes villes, et il faut compter avec les ressources dont on dispose. L’essentiel est que le dernier mot reste au médecin, que la durée du séjour soit la même pour tous et suffisante pour être réellement efficace.

Toutefois, il paraît juste d’exiger de tous les mutualistes un stage minimum de deux années avant de les envoyer en colonie, car il faut au moins qu’ils aient pu contribuer quelque peu à la formation du fonds spécial dont ils doivent bénéficier.

Que la crainte de violer le principe fondamental connu : à charges égales avantages égaux, ne paralyse pas les bonnes volontés prêtes à l’action.

Le législateur de 1898, en posant ce principe, a voulu avant tout mettre obstacle à la constitution de sociétés qui chercheraient à assurer une situation privilégiée à certains de leurs