Page:Revue pédagogique, second semestre, 1912.djvu/457

Cette page n’a pas encore été corrigée
443
UN COLLÈGE BARNABITE AUX XVIIe ET XVIIIe SIÈCLES

les proviseurs et administrateurs du Collège d’Annecy manderaient un homme suffisant, qualifié et bien instruit », pour examiner les comptes et prendre une décision sur les réformes possibles ou nécessaires.

Que sont ces proviseurs et administrateurs ? Leur nombre est restreint, quatre en tout : le Doyen de l’église collégiale Notre-Dame, le Prieur du couvent Saint-Dominique et deux Syndics de la ville d’Annecy. On les appelle parfois superintendants, le plus souvent administrateurs. Leur fonction est de « faire observer, entretenir et garder » les statuts du collège. Le personnel enseignant leur est soumis entièrement, comme d’ailleurs tous ceux qui ont une fonction quelconque dans l’établissement. Ils « ont pleins pouvoir et autorité d’instituer et destituer, nommer les professeurs, économes et autres officiers et serviteurs tels que le besoin sera, corriger, réprimer les excès et abus », qui pourront se produire. Les administrateurs ont donc la haute main sur le fonctionnement de tous les services.

Pour rendre plus étroites encore les relations entre ses deux fondations, Eustache Chappuis avait créé au collège de Louvain un certain nombre de bourses destinées aux élèves de celui d’Annecy. Dès qu’une d’elles devenait vacante, les professeurs proposaient huit noms que ratifiaient la plupart du temps les proviseurs. « Un des enfants les plus innocents du Collège » tirait au sort parmi ces noms : et c’est ainsi le hasard qui désignait les boursiers savoyards au Collège de Louvain. Tout de même fallait-il, pour pouvoir être choisi, avoir atteint l’âge de quinze ans, étudié au moins deux années au collège d’Annecy, et s’y être révélé esprit solide dont « on puisse à l’avenir espérer quelque bon fruict ».

L’union intime des deux établissements avait été ainsi une des préoccupations essentielles d’Eustache Chappuis, et les rapports furent presque toujours corrects, parfois même cordiaux, jusqu’à ce qu’un jour un événement très important fit naître des dissentiments-fâcheux et gros de conséquences.

Cet événement fut le changement du personnel enseignant au Collège d’Annecy. Sur la demande de monseigneur François de Sales, l’auteur de l’ « Introduction à la vie dévote », alors évêque de Genève, soutenu par le « bon plaisir » de monseigneur le