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A.-E. JACOULET

« clérical endurci » ; aussitôt, à Caen, où on l’envoya, sans trop de disgrâce, des réactionnaires clairvoyants signalèrent en lui le « le dangereux Jacobin ! » Il était, plus sûrement, un homme actif, d’un caractère droit, instruisant bien les affaires, jugeant bien les hommes, et fermant sa porte aux passions aveugles comme aux intrigues basses, bref un excellent administrateur. Le directeur de l’Enseignement primaire en Jugea ainsi, l’ « essaya », comme on l’a vu, rue de Grenelle, estima qu’il avait là sous la main l’autre créateur qui lui était nécessaire ; et, sans se préoccuper outre mesure des règles de la hiérarchie, l’envoya défricher l’un des deux grands domaines… en espérance, Saint-Cloud.

Ceux qui furent associés dès le début à cette tâche ont gardé de ces premières années un souvenir profond et comme la Joie d’avoir fait, chacun pour sa part, un peu de bien avec tant de plaisir. On a emprunté des maîtres à la Sorbonne, au Collège de France, au Muséum, aux Lycées de Paris ; plusieurs sont illustres, d’autres n’apportent que leur expérience professionnelle : le commun dévouement fait de ces éléments divers et inégaux un véritable corps de professeurs ; il y a, sans concert préalable, sans programmes rigides, harmonie entre leurs efforts, parce qu’ils ont tous la claire vision du but à atteindre et la conscience du service à rendre au pays. Leur enseignement devient peu à peu plus pénétrant en devenant plus intime. Leurs méthodes sont renouvelées par la connaissance qu’ils acquièrent, chaque jour davantage, des besoins de leurs élèves. De leurs leçons se dégage insensiblement une pédagogie, qui ne se réclame d’aucun système, qui ne cherche aucune formule, qui descendant de degrés en degrés doit aller jusqu’à la plus modeste école de village préparer de bons citoyens pour une démocratie éclairée. Ainsi se trouvera réalisé le problème que la troisième République a reçu de la Révolution, l’unité de l’éducation nationale.

Les élèves ? Ils apportent à l’École qui s’ouvre pour eux, et cela n’est pas si commun, les mêmes dispositions que leurs maîtres. Comme eux, ils sentent que l’honneur d’être à Saint-Cloud implique de grands devoirs et de grands efforts, Ils apprennent vite qu’il n’y a de véritable élite que modeste : s’ils avaient gardé quelque orgueil d’être recrutés parmi les meilleurs