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REVUE PÉDAGOGIQUE

fait de la façon la plus pratique et la plus intéressante : « Combien ne voyons-nous pas d’adultes qui font remonter à leurs années de collèges le début d’une dyspepsie chronique ! ». Il y a donc quelque chose à faire et c’est peut-être en modifiant tantôt un détail, tantôt un autre, plutôt qu’en s’attaquant à l’ensemble qu’on arrivera progressivement à de meilleurs résultats.

a) Au point de vue de la viande, nous estimons, avec le Docteur Le Gendre, que les rations doivent être établies de la façon suivante :

Viande cuite désossée et parée.
Par jour
de 07 à 11 ans
100 à 120 gr.
de 11 à 16 ans
120 à 460 gr.
Au-dessus de 16 ans
200 gr. et plus

C’est peut-être plus que n’en demandent les physiologistes, mais il ne faut pas oublier que de dix à quatorze ans, la croissance subit un développement considérable — qu’elle porte principalement sur la masse musculaire, qui ne peut se constituer qu’à l’aide de substances azotées — que si à ce moment le sujet est mal nourri, sa croissance ne s’arrête pas pour cela, car elle est un fait d’ordre évolutif lié à des causes inéluctables (atavisme, hérédité, etc.), et que si l’organisme mal nourri fabrique à ce moment des tissus de mauvaise qualité, il en supportera toute sa vie les conséquences fâcheuses. Laissons donc le jeune homme manger librement, laissons-le satisfaire son appétit, parfois plus fort que celui de l’adulte, même, dit A. Gautier, par un excès de viande (Le Gendre). Évidemment il faut éviter les excès, mais il faut se garder d’une crainte excessive de la suralimentation azotée et savoir se conformer au vœu de la nature.

b) La question du pain n’est pas sans importance. La circulaire de 1890 prescrit de le donner frais, c’est-à-dire cuit de la nuit précédente et à discrétion. Ce sont là des dispositions fort critiquables. L’écolier français est gros mangeur de pain ; et il ne faudrait peut-être pas lui en laisser prendre tant qu’il en veut. En outre le pain frais est très appétissant, on se laisse aller à en manger plutôt par friandise que par besoin ; il donne dans l’estomac beaucoup de gaz qui troublent la digestion. Il serait plus sage, sinon de le rationner absolument, au moins d’en sur-