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À PROPOS D’UN LIVRE SUR ROME

sance, culte de la vie universelle qui triomphe aux Loges du Vatican, spiritualisme profond qu’exaltent, dans la Chambre de la Signature, les fresques de Raphaël. Au tombeau de la courtisane Imperia, dans la Farnésine à Rome, dans la villa d’Este à Tivoli, il imagine avec précision, instruit par les textes et par l’aspect des lieux, ce qu’était la vie pour les Romains de la Renaissance, parfaits artistes de bonheur. A cela s’ajoutent quelques promenades dans les faubourgs ou dans la campagne : sur le crâne pelé de ce bizarre Monte Testaccio qu’ont formé près du Tibre, pendant les derniers siècles de la Rome antique, les débris d’amphores accumulés, — autour du rempart d’Aurélien, magnifique et triste, — dans les catacombes et les vignes, — puis sur le mont Sacré, asile des grèves plébéiennes, — enfin aux bords du lac de Némi qu’environne une horreur tragique. Tout ce que M. Schneider a vu et pensé dans ces sites d’élection il le traduit soigneusement, en chapitres touffus d’idées et de mots ; et si parfois sa langue est d’une recherche un peu précieuse, si nous relevons, au cours de ses développements, quelques rapprochements forcés, quelques affirmations trop ingénieuses pour être approuvées du premier coup, nous devons, avant de nous en plaindre, nous représenter quelles nécessités impose un sujet de ce genre, quelle puissance vraiment excessive de suggestion est recelée dans Rome, et combien d’inexprimé la langue la plus souple, quand elle voudra rendre par des phrases une telle ville, y laissera toujours.

La première impression de l’étranger qui arrive à Rome est d’étonnement et de malaise plutôt que de joie et d’admiration. La ville n’est pas de celles que l’on peut facilement saisir, définir d’un mot, symboliser par une image simple ; on se sent incapable de s’assimiler, aussi vite qu’on le désirerait, cette matière trop riche, et l’on souffre de cette contrainte. Au sortir de Venise, dont la séduction est si peu compliquée, de la Toscane dont la nature et l’art se ramènent à un petit nombre de formules claires, et dont l’histoire est condensée en quelques siècles, la variété de Rome accable et déroute. Trop de quartiers