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À propos d’un livre sur Rome[1].


M. Schneider avait déjà publié un livre sur l’Ombrie, abondant en observations fines et personnelles. Son livre sur Rome est une nouvelle preuve des qualités qui donnent à ses souvenirs de voyage une valeur originale. La plupart des touristes, sur les routes traditionnelles qui vont de Florence à Rome et de Rome à Naples, ne songent guère qu’à retrouver, à vérifier les impressions découvertes et racontées par ceux qui les précédèrent, résumées et cataloguées dans les guides ; M. Schneider regarde de ses propres yeux, scrute obstinément les choses jusqu’à ce que son attention soutenue, aidée par la subtilité naturelle de son intelligence, lui ait révélé des aspects restés inaperçus avant lui, des rapports encore inédits. Après tant de romans et de relations, après Montaigne, Gœthe, Chateaubriand, Stendhal et Taine, M. Schneider réussit à écrire sur Rome plus de trois cents pages dont aucune ne laisse le lecteur indifférent. Non que l’auteur ait ignoré de parti pris ses devanciers, qu’il ait prétendu se soumettre, sans préparation préalable, à l’impression directe des objets, et la traduire ensuite telle quelle : c’eût été le plus sûr moyen de ne pas éviter les rencontres involontaires et les redites. Mieux que personne, au contraire, il connaît sa bibliographie ; il a remonté aux sources, a compulsé les historiens de l’antiquité, les chroniqueurs du moyen âge et de la Renaissance ; dans les poésies latines du xve et du xvie siècle, qu’on ne feuillette plus beaucoup, il a rencontré plus d’un texte utile ou plaisant. J’imagine qu’un voyage en Italie ne lui apparaît point comme un repos, mais comme un travail de toutes les heures : pour voyager à la façon de M. Schneider, il faut non seulement bien des lectures et des dépouillements préliminaires,

  1. Rome, par René Schneider, Paris, Hachette, 1907.