ment opposées. Et sans doute, ces qualités d’esprit ont leur noblesse ; mais, au point de vue commercial, elles sont une cause certaine d’infériorité.
Ce genre d’éducation avait sa raison d’être il y a un siècle, quand seuls faisaient leurs classes les fils de famille, qui auraient cru déroger en s’adonnant au commerce. Aujourd’hui, il n’en est plus de même et nos voisins l’ont compris mieux que nous. Comme le disait avec raison le regretté M. Steeg, dans son article sur l’éducation anglo-saxonne[1] : « Les Anglais n’ont pas hésité à conformer leurs méthodes d’éducation aux nécessités nouvelles, qui exigent qu’on fasse des hommes pratiques et énergiques et non de purs lettrés, qui connaissent de la vie seulement ce que l’on apprend dans les livres… Ces allures indépendantes, cette habitude de l’initiative, cette vie libre et familiale sont aujourd’hui le lot habituel des établissements d’éducation en Angleterre… On les retrouve aux États-Unis, dans les écoles primaires, dans les hautes écoles, dans les Universités. »
Pourquoi n’essaierions-nuus pas d’agir dans ce sens sur l’esprit de nos élèves, sans renoncer aux méthodes d’enseignement qui nous sont propres. En développant, par une éducation et une instruction convenables, cette aptitude instinctive de s’adapter au milieu ambiant, qui sommeille au fond de chacun de nous, nous arriverions insensiblement à détruire « le goût de repos, de bien-être, de douce sécurité, l’ardent désir de s’assurer la petite retraite, la paresse de volonté qui se plaît au tranquille sentier des ornières, l’amour de l’uniforme et des titres officiels » dont parlait M. Steeg, toutes ces habitudes sociales de notre race, qui arrêtent notre essor et paralysent nos qualités naturelles.
Cette éducation nouvelle doit surtout être mise en œuvre dans les écoles professionnelles. Alors chaque partie du programme prendra d’elle-même l’importance qui lui convient, les professeurs et les élèves commençant dès l’école à mesurer leurs efforts au but qu’ils se proposent. Ainsi l’on formera des agents capables de sacrifier leur chauvinisme et leur susceptibilité personnelle à la prospérité de l’œuvre qu’ils représenteront. Et si leur valeur morale est à la hauteur de leur instruction technique, ils pourront
- ↑ Revue pédagogique, mai 1898.