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REVUE PÉDAGOGIQUE

canaux, présentant une longueur de 28,000 kilomètres, réseau qu’elle accroît et perfectionne tous les jours.

C’est surtout la prospérité des ports allemands qui a pris un essor merveilleux. En 1850, Hambourg recevait 3 à 4,000 navires par an, leur tonnage était inférieur à un demi-million de tonnes et les importations de céréales, en particulier, n’atteignaient pas 3 millions de tonnes. Maintenant, Hambourg reçoit 1,520 millions de tonnes de céréales ; il y vient plus de 11,000 navires, dont le tonnage approche de 3 millions de tonnes ; 106 lignes de navigation partent de ce port, qui est devenu le troisième du monde. Le chiffre d’affaires de Hambourg est le double de celui de Marseille ; c’est aujourd’hui le premier port du continent.

Mais arrêtons-nous. Cela suffit pour montrer le danger de la concurrence allemande sur tous les marchés du globe et pour expliquer le cri d’alarme de la Saturday Review.

Ces résultats dignes d’envie sont dus à ce fait que l’Empire allemand ayant compris, au lendemain de ses victoires, la nécessité d’acquérir, après la gloire, la richesse et la prospérité que donnent les travaux de la paix, les classes dirigeantes et le gouvernement ont eu la vision nette de l’importance du commerce d’outre-mer alimenté par une industrie nationale, régénérée elle-même à l’aide des découvertes de la science moderne.

Leur grand économiste Frédéric List disait — et ses compatriotes ont adopté sa devise — : « La mer, c’est la grande artère du monde, c’est le champ de manœuvre des nations, c’est l’endroit où se déploient les forces et l’esprit d’entreprise des divers peuples. C’est le berceau de leur liberté… Une nation sans marin, c’est comme un oiseau sans ailes… Une nation sans vaisseau se réduit au rang d’ilote et de valet dans l’humanité ».

Et, d’après cette doctrine, toutes les forces vives de la nation : les pouvoirs publics, les capitalistes, les ingénieurs, ont favorisé le développement de la marine marchande, qui devait porter dans tous les. pays du monde les produits manufacturés et les commis-voyageurs de l’Allemagne. En même temps, pour perfectionner l’outillage commercial et pour fabriquer les objets d’expor-