Pas d’internes : ils seront rendus inutiles par la multiplication des iustiluts et des collèges. Cette multiplication fait surgir la question budgétaire, mais M. Bertrand croit avoir le droit d’espérer[1] que son projet n’imposera pas à l’État des dépenses bien onéreuses, car les écoles sont toutes prêtes, dont quelques-unes sont « presque des palais ». M. Bertrand ne semble plus se souvenir que cette multiplication se heurte aussi à la nécessité « que les professeurs aient une culture et un sens philosophiques absolument supérieurs » (p. 134).
Les jeunes gens et les jeunes filles recevront le même enseignement : on réduira seulement de moitié, en faveur des jeunes filles, le nombre des cours de première et de deuxième année.
Quant au nombre des maîtres, il sera suffisant : on fera appel aux femmes, et à tous ceux qui sauront excellemment leur métier. On en formera un véritable corps de volontaires (p.259). De même, on tirera parti des jeunes gens et l’extension universitaire anglaise prouve combien sera précieux leur concours. Enfin les professeurs de {ous ordres et, par-dessus tout, le personnel modifié de notre enseignement secondaire, formeront les cadres permanents des maîtres du nouvel enseignement.
Comment seront nommés ces maîtres ? Nous citons ici M. Bertrand lui-même (p. 243). « Que les professeurs soient nommés par l’État… mais qu’ils soient choisis sur une liste de trois membres par chaire, dressée par un comité électoral » formé des anciens élèves de l’enseignement intégral.
Mais, objectera-t-on à cette culture trop exclusivement.scientifique « ne craignez-vous pas qu’elle détruise les qualités littéraires et artistiques de notre race ? » Non, répond hardiment l’auteur. Notre langue « ne se rajeunira que par la science ». Notre langue a été forgée par la scolastique, et en fortifiant la pensée par l’étude des sciences, vous enrichissez et vous affermissez la langue.
Peut-être cette objection, qui est réellement très grave, devrait-elle être examinée plus à fond : elle ne peut être résolue par de simples affirmations. Mais c’est que les objections de valeur se pressent contre le système de M. Bertrand, et la plus pénible peut-être c’est celle de savoir comment attirer et retenir la clien-
- ↑ P. 244.