Page:Revue pédagogique, second semestre, 1896.djvu/412

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
504
REVUE PÉDAGOGIQUE

soit même grammaticale, et enfin l’étude approfondie d’un texte capable de leur donner telle connaissance générale ou particulière qu’il aura en vue.

Mais enfin, dira-t-on encore, si le maître ne peut pas compter sur la dictée pour initier ses élèves à la connaissance de l’orthographe, où trouvera-t-il un enseignement, direct cette fois, et qui soit autre que la correction des fautes commises par l’élève ? En se reportant à ce qui a été dit précédemment, on verra qu’il doit utiliser toutes les ressources de la mémoire et s’adresser d’abord au souvenir visuel de l’élève, puis confirmer celui-ci par le souvenir graphique. Ainsi, dès le moment où l’on apprend à lire à un enfant, on devrait commencer avec lui l’étude de l’orthographe. Quand les mots ou les petites phrases qui font l’objet de la leçon ont été lus, qu’on retourne le tableau et qu’on lui fasse épeler de mémoire ce qu’il vient de lire : il sera amené à remarquer de quelles lettres chaque mot est composé et dans quel ordre elles sont rangées ; à la mémoire des formes perçues par les yeux viendra se joindre le souvenir des sons perçus par l’oreille et même le souvenir des efforts d’articulation qu’il aura dû faire pour les bien prononcer. Qu’ensuite on lui fasse écrire, d’après un modèle emprunté à son livre ou transcrit au tableau noir, ce qu’il vient de lire et d’épeler, et il se mettra les mots dans la main, comme déjà il les a dans les yeux, dans les oreilles et dans les cordes vocales. Les quatre éléments du souvenir se trouvant ainsi réunis et se prêtant un mutuel appui, ces mots se graveront dans sa mémoire d’une manière indélébile. Cela, certains maîtres le font, mais ils sont peu nombreux ; et en général, on ne le fait pas avec assez de méthode ni de ténacité. Et cependant, ou je me trompe fort, les élèves apprendraient ainsi, dès le cours préparatoire et presque sans s’en douter, l’orthographe usuelle d’un grand nombre de mots. En outre, ils contracteraient une bonne habitude qu’ils conserveraient utilement, car la préoccupation de l’orthographe doit être constante : une leçon de lecture au cours élémentaire, et même plus tard, ne devrait jamais se terminer sans que l’attention des élèves eût été appelée sur les mots dont l’orthographe est particulièrement difficile ou irré-