Page:Revue pédagogique, second semestre, 1895.djvu/418

Cette page n’a pas encore été corrigée
410
REVUE PÉDAGOGIQUE

d’amitié échangées de part et d’autre, l’un des Algériens, le jeune Kabyle Mokhtar-ben-El-Hadj-Saïd, se lève et, s’adressant à leur hôte, M. Rozet, prononce le petit discours suivant :

Mes camarades m’ont fait l’honneur de me désigner comme leur interprète pour vous remercier de l’excellent accueil que vous avez bien voulu nous faire.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que vous nous témoignez votre sympathie, et la belle défense que vous avez portée à la tribune de la Chambre nous a montré combien vous vous intéressiez à nous et combien vous nous aimiez.

Quant à la France, notre position actuelle nous permet difficilement de lui témoigner notre reconnaissance ; mais, le jour où nous serons à son service, le jour où la noble mission d’instruire la jeunesse algérienne nous sera confiée, nous tâcherons de l’accomplir avec zèle, nous montrant aussi dignes d’être ses enfants.

Quant à vous, monsieur Rozet, je ne me sens pas de force à vous exprimer nos sentiments. Nos cours vous sont ouverts ; vous n’avez qu’à y lire.

Cependant, en prononçant cette parole, tant de fois répétée, aussi bien dans nos chaumières et sous nos tentes que sur les champs de bataille par nos vaillants Turcos, je crois me résumer. Mes amis, criez avec moi : Vive la France ! Vive M. Rozet ! Vive Saint-Dizier et sa population si sympathique et si hospitalière !

Cette allocution part du caur ; des larmes brillent dans les yeux de tous ces jeunes gens. Le moment du départ est arrivé. De nombreux amis accompagnent la caravane jusqu’aux wagons. Les mains se croisent dans de longues étreintes et le désir de se revoir se manifeste en de riants projets. Le sifflet retentit. Dominant à peine leur trouble, les Algériens se sont levés, un cri unanime domine les premiers ébranlements du train : « Vive M. Rozet ! Vive la France ! » Longtemps les chechias rouges s’agitent aux portières dans une mimique expressive.

Belles et bonnes journées dont le souvenir sera certainement fécond.