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UNE VISITE EN FRANCE D’ÉLÈVES D’ALGER

jeunes Algériens tous les renseignements sur les différents travaux qu’ils exécutent. Et ceux-ci ne se font pas faute d’interroger. Après les ateliers, les vastes magasins contenant les modèles ; les richesses artistiques accumulées dans ces salles émerveillent nos jeunes gens ; on leur explique la pensée du regretté fondateur de l’usine, M. Durenne, qui avait voulu, le premier, et plus que personne, contribuer à répandre les plus belles œuvres de la statuaire et de l’ornementation, en les mettant à la portée de la bourse des plus modestes ménages.

Là encore, chaude réception après la visite de l’usine. Discours éloquents de part et d’autre, tous les cœurs sont émus. À un moment, les jeunes Algériens se groupent, et, au milieu d’un grand silence, chantent la première strophe de la Marseillaise, avec une chaleur qui est très remarquée et porte au plus haut degré l’enthousiasme des assistants. Ceux-ci se mêlent aux Arabes et les accablent de questions et de protestations d’amitié. De cordiales poignées de mains sont échangées et l’on se sépare les uns des autres à regret.

Les mêmes scènes se répètent à Brousseval, où la caravane est amicalement reçue par M. Duvaus, directeur des usines, le fils de l’ancien ministre de l’instruction publique ; à Vassy, dans la sous-préfecture, où le sous-préfet lui souhaite la bienvenue en termes charmants ; à la forge d’Eurville, à la grande fabrique de construction des machines agricoles de Chamouilley, aux hauts fourneaux de Marnaval. Ici, nos Algériens sont dans l’émerveillement. Le directeur leur fait voir successivement, en leur donnant les explications nécessaires, le creuset d’un haut-fourneau qu’il vient de remettre à neuf, en pleine marche, les appareils à air chaud, le monte-charge hydraulique, le port où trois énormes grues hydrauliques déchargent nuit et jour des centaines de tonnes de matériaux, les salles des machines soufflantes, etc. Par une attention des plus gracieuses, le directeur a fait retarder la coulée tout exprès pour permettre à la caravane d’y assister ; les jeunes Algériens sont en extase devant ce fleuve de feu qui illumine tout l’espace.

Le dernier jour, M. Albin Rozet a ramené la caravane chez lui, dans son domaine du Closmortier. Un dernier repas la rassemble autour de sa table. Après quelques paroles de remerciements et