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VACCINATION ET REVACCINATION

unités. Révélation très inattendue et qui ne laisse pas que d’être très inquiétante ; car on est en droit de se demander si, dans chacun des autres départements, toutes les écoles communales (et le nombre en est énorme) dont on n’a pas reçu les états de vaccination n’ont pas été aussi déshéritées au point de vue de la vaccine. Il n’est pas de fait qui plaide avec plus d’éloquence la cause de la vaccine obligatoire.

En outre, la circulaire ministérielle dit explicitement que les récompenses de vermeil, d’argent et de bronze seront attribuées aux instituteurs et aux institutrices publics et privés qui auront réuni les statistiques les plus complètes sur les opérations vaccinales.

Or, en parcourant les dossiers transmis, M. Hervieux a été surpris de voir que, à l’exception de la Haute-Marne, il n’était question, dans tous les autres départements, que d’écoles publiques, d’instituteurs publics et d’institutrices publiques.

M. le rapporteur fait d’autre part observer que bien qu’il sût depuis longtemps qu’un grand nombre d’enfants appartenant aux écoles publiques ou privées n’étaient pas vaccinés, et que, même depuis la circulaire ministérielle du 25 mars 1890, la recommandation relative à la nécessité de revacciner les sujets au-dessus de dix ans restait souvent à l’état de lettre morte, il ne soupçonnait guère jusqu’à quel degré s’élevait l’indifférence des populations et des autorités communales à l’égard de cette mesure préservatrice.

Les dossiers de la Haute-Marne et de Meurthe-et-Moselle nous ont révélé ce fait presque incroyable pour la Haute-Marne, de 116 communes restées sans vaccinations ni revaccinations et de 56 autres communes où les opérations vaccinales étaient réduites à quelques unités ; pour Meurthe-et-Moselle, de 254 communes sans vaccinations ni revaccinations et de 59 autres où le chiffre annuel des opérations vaccinales ne dépassait pas quelques unités.

Si l’on jugeait par ce qui a été constaté dans ces deux départements de ce qui se passe dans tous les autres, on arriverait à cette conclusion lamentable, qu’il y a en France 12,0000 communes au minimum où l’on ne vaccine ni ne revaccine, et 4,000 autres où le nombre des opérations vaccinales ne s’élève pas à 3 ou 4 par an. Cette hypothèse, qui est probablement au-dessous de la vérité, pourrait être facilement vérifiée par une simple recommandation du ministre aux préfets d’exiger, l’année prochaine, un état des vaccinations de toutes les écoles publiques et privées. Ce serait un premier avantage de la mesure actuelle.

Un autre avantage résultant de celui qui précède serait de faire connaître chaque année :

1° La manière dont sont appliquées les circulaires ministérielles relatives aux opérations vaccinales ;

2° Le plus ou moins de zèle et d’activité déployés dans l’accomplissement de leur tâche par les fonctionnaires chargés de l’exécution de ces prescriptions ;