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tout simplement d’introduire la politique, dès les petites classes, parmi les objets d’étude : M. Grimm lui donne la première place, en ayant soin que tout le reste s’y rapporte. Un Allemand déclarait naguère que l’Etat doit tout régler, jusqu’aux jeux de l’enfant, jusqu’à son boire et à son manger, jusqu’à ses manières à table. S’il est important de se bien tenir à table, il importe beaucoup plus encore d’avoir, si jeune qu’on soit, les bonnes opinions qui font les bons sujets, au sens politique du mot.

Pour obtenir ce précieux résultat, on ne saurait mieux faire que de pratiquer à la lettre la méthode de M. Grimm. L’enfant est crédule, il croira facilement tout ce qu’il vous plaira de lui faire croire ; l’enfant est imaginatif, aidez-vous de son imagination, transformez hardiment l’histoire contemporaine en légendes : il vous en saura gré, et, pendant que son esprit est une cire molle, vous y imprimerez des images qui ne s’effaceront jamais.

C’est le point sur lequel, avec raison, M. Grimm insiste le plus. Il faut, nous dit-il, que les glorieux événements de la guerre de 1870 soient représentés à l’enfance comme ayant été décrétés dans le conseil de Dieu, que les personnages qui ont contribué à nos victoires soient pour lui au-dessus de toute critique, et qu’ils lui apparaissent comme des instruments de la Providence et comme revêtus d’une héroïque grandeur. Cette transformation des événements en mythes, si vous savez vous y prendre et sans que vous vous donniez beaucoup de peine, s’accomplira d’elle-même dans l’âme de l’enfant.

On assure qu’en écrivant son article, M. Grimm a traduit fidèlement la pensée, les sentiments, les désirs d’un très grand nombre de ses compatriotes. Tel est le résultat de vingt-cinq années pendant lesquelles l’adoration du succès et de la force a remplacé tout autre genre de dévotion. Il y a pourtant encore des protestations contre de telles idées, quelques représentants de la vieille Allemagne, où vivait adis le culte désintéressé de la science, l’esprit critique. Il faut entendre leurs plaintes et remontrances…

Les uns, dit M. Valbert en terminant, pensent que l’enseignement public est destiné à former des êtres pensants ; les autres croient, comme M. Grimm, qu’il doit servir avant tout à donner à la jeunesse tous les préjugés utiles, que son principal office est de fabriquer des machines perfectionnées et d’irréprochables automates. »J. S.

L’orthographe phonétique en 1662 et en 1754 (Ch. Sorel et L’abbé Raynal). — M. Léo Claretie a reproduit dans la Revue bleue du 31 octobre quelques passages d’un vieil ouvrage de Charles Sorel, intitulé Francion (1662). Nous les reproduisons après lui.

« Francion est entré chez un libraire de la rue Saint-Jacques, où l’on discute les questions du jour, néologismes, rimes, grammaire et aussi orthographe. Voici ce qu’il en est dit :

Enfin, il y en eut un plus hardi que tous qui conclut qu’il fallait