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L’ENSEIGNEMENT CHEZ LES INDIGÈNES MUSULMANS D’ALGÉRIE

comme élèves, tant qu’elles n’ont pas huit ans, et, dès qu’elles ont atteint cet âge, nous les refusent ou nous les reprennent. Au fond ils préfèrent que nous ne leur demandions rien. Ils s’étonnent que nous nous préoccupions si fort d’apprendre à leurs filles ce qu’elles oublieront si tôt ou leur servira si peu. Ils n’aiment pas que nous nous enquérions de leur âge.

Il n’est pas question ici de fanatisme musulman ni de répugnance de principe pour l’instruction française. Tout simplement ce sont « des histoires de femmes ». De petites femmes, sans doute, Mais en Kabylie on les épouse si petites !

Ce que nous venons d’exposer sur la Grande-Kabylie s’applique, avec des nuances, à la Petite-Kabylie et même à l’Aurès. Les Chaouïa, dans toutes les parties habitables de leur pays, présentent aussi une population assez dense. Ils ont aussi leurs villages posés sur des rocs, leurs djemâa, leurs kanoun, leurs çof, leurs traditions puniques et surtout romaines, leur Bou Ini (bonus annus), leurs rogations qui rappellent les arvalia des Latins, leurs fêtes de la nature. Ils se considèrent, en majeure partie, comme des « Romains », et ne rejettent pas de parti pris tous les présents des Roumis, à commencer par les écoles françaises[1].

Maintenant que nous connaissons le terrain, — pays, races, institutions indigènes, institutions françaises, — voyons ce qu’on a essayé d’y faire depuis bientôt dix ans.

(La suite au prochain numéro.)

  1. Un plan d’organisation scolaire a été dressé pour l’Aurès, mais n’a pas encore pu être mis à exécution.