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NÉCROLOGIE — M. B. BERGER

la Haute-Saône, et il y occupa successivement divers postes, en dernier lieu à Arc-lès-Gray, où il dirigeait une école considérable.

» Le 16 mars 1859, il fut nommé inspecteur primaire à Privas, puis, l’année suivante, à Annecy, au lendemain de la réunion de la Savoie à la France, et là, sous l’habile direction de M. Zevort, il se distingua en relevant, dans un pays fort arriéré alors, le niveau de l’instruction primaire, et en faisant aimer la France à ses nouveaux citoyens.

» Le 5 mars 1865, le ministère confia à M. Berger le poste important de Villefranche (Rhône), où il resta neuf ans et qu’il ne quitta que pour devenir inspecteur primaire dans le département de la Seine (6 janvier 1872), d’abord à Saint-Denis, puis à Paris.

» À Villefranche, M. Berger commença à écrire. Il adressa au Manuel général, sous forme de lettres, une série d’articles qui furent remarqués.

« Une bonne méthode », écrivait-il dans la première de ces lettres, « résulte d’une connaissance approfondie de ce qu’on enseigne et du discernement judicieux du degré d’intelligence de l’enfant. Ce n’est qu’autant que l’instituteur est maître de son sujet et qu’il en saisit les points principaux, que ses leçons ont le caractère de simplicité, de clarté et d’intérêt qui attire et fixe l’attention. S’il ne le possède qu’imparfaitement, il s’arrête aux idées secondaires, s’embarrasse dans les détails et n’avance qu’a l’aide du livre. Mais à une instruction solide, sinon étendue, il faut que l’instituteur joigne une observation soutenue et pénétrante du développement intellectuel de l’élève ; qu’il sache coordonner les diverses branches d’enseignement, de manière qu’elles se prêtent un mutuel appui, donner à chacune la place et l’étendue qui conviennent, et surtout s’arrêter à propos. »

» M. Berger est déjà tout entier dans cette ferme doctrine. Aussi son esprit juste et mesuré était-il admirablement fait pour saisir toute la portée de la réforme scolaire dont M. Gréard avait pris l’initiative à Paris et dans le département de la Seine. Nul ne sut mieux la comprendre ; nul ne mit à l’appliquer plus de conscience, de tact et de zèle.

» C’est pendant qu’il était inspecteur primaire de la Seine que M. Berger a publié son Cours de langue française (Premières leçons, cours élémentaire, moyen et supérieur, maître et élève, Delagrave, éditeur), manuel d’études très simple, très clair et très pratique, honorablement apprécié dans les écoles.

» C’est aussi pendant cette période que sa connaissance de la langue anglaise le désigna, en 1876, pour faire partie de la commission chargée par le ministère de l’instruction publique d’aller étudier sur place l’exposition scolaire de Philadelphie, sous la présidence de M. Buisson. M. Berger a été, dans cette mission, le principal collaborateur de M. Buisson, et il a rédigé une assez grande partie du très remarquable rapport qui en fut la suite.