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REVUE PÉDAGOGIQUE

premiers maîtres qui furent chargés de donner cet enseignement dans les écoles normales et quelques écoles primaires supérieures. Depuis, M. Salicis prit une part des plus actives dans l’extension de l’enseignement manuel en France, tant comme inspecteur général que comme membre des diverses commissions techniques.

Pendant la période d’organisation de l’Exposition universelle de 1889, il déploya une activité au-dessus des forces de son âge, afin de disposer, en ménageant le mieux possible les intérêts de chacun, les nombreux spécimens qui provenaient des ateliers scolaires.

Il souffrait déjà cruellement du mal qui devait l’emporter, mais il supportait la douleur avec un courage vraiment héroïque : il ne fut terrassé qu’après avoir achevé sa tâche jusqu’au bout, après avoir présidé la section technique au congrès de l’enseignement primaire, puis le congrès de l’enseignement commercial.

M. Salicis a exposé son système éducatif dans plusieurs brochures, notamment dans celle qui a pour titre : Enseignement primaire et apprentissage (1875) ; mais il convient de rappeler encore d’autres de ses travaux scientifiques.

En 1867, sous le nom de barotrope, il fit construire une voiture mécanique mise en mouvement par le poids de l’homme au moyen de pédales. C’était à peu de chose près, le tricycle actuel.

En 1872, il fit paraître une étude très appréciée sur les Appareils de pointage pour les grandes portées.

À peu près à la même époque il publia un Mémoire sur la possibilité d’établir un canal de grande navigation maritime entre la mer du Nord et la Méditerranée.

Enfin plus récemment, il révéla dans un autre genre de production ses qualités de lettré, que seuls connaissaient ses intimes ou ceux qui avaient entendu les discours qu’il était chargé de prononcer officiellement. Ses Contes de bêtes (1880) sont des commentaires des fables de La Fontaine destinés à expliquer aux enfants les merveilleuses productions du fabuliste, souvent énigmatiques pour les écoliers. Jeanne et Jean (1886) est un roman écrit sans prétention, mais ayant une portée philosophique. L’auteur y montre dans une intrigue simple un paysan breton encore tout imprégné de l’hérédité vendéenne, ayant des reflets d’une foi naïve, et touché pourtant par l’influence de notre siècle émancipateur.

Aux qualités intellectuelles multiples que possédait M. Salicis s’ajoutaient encore celles d’un cœur inépuisable de bonté.

Il était simple, droit, austère, bienveillant et serviable.

M. B. LAFFORGUE

Le Musée pédagogique vient de perdre un de ses plus dévoués et de ses plus dignes serviteurs, M. Bertrand Lafforgue, qui était attaché à l’établissement depuis sa fondation. Né à Boussens (Haute-Garonne)