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NÉCROLOGIE

Sorti de l’École polytechnique comme aspirant de marine, il fit à ce titre, sur la corvette le Rhin, sa première expédition, ayant pour but de combattre l’influence anglaise dans les divers archipels de l’Océanie et en Australie.

Promu enseigne en 1842, lieutenant de vaisseau en 1848, il prit part, en cette qualité, au bombardement de Salé au Maroc (1851), bombardement motivé par le pillage d’un bâtiment français. À la suite de cette affaire il reçut la croix de la Légion d’honneur.

Il fit en 1853 la campagne préparatoire à la guerre de Crimée, sur le vapeur le Sané. Une nuit qu’il était de quart, un vaisseau allait aborder celui dont il avait la garde. Son extrême myopie avait failli être la cause d’un mal irréparable. Lui seul, le veilleur, savait à quel danger avaient échappé ceux qui dormaient. De retour à Toulon, il dénonça son infirmité, fit savoir au ministre de la marine le péril auquel elle l’avait exposé et auquel il avait paré.

Il fut alors nommé professeur d’architecture navale à l’École navale à bord du Borda.

En 1857 il quitta définitivement la mer pour devenir répétiteur de géodésie à l’École polytechnique avec le titre de capitaine de frégate.

Pendant le siège de Paris, il commanda en second le IXe secteur, et fut nommé officier de la Légion d’honneur en novembre 1870.

Il protesta publiquement contre la capitulation. Cet acte le rendit populaire à Paris ; aussi obtint-il, sans avoir posé sa candidature, 53,000 voix au premier tour de scrutin pour les élections à l’Assemblée nationale. Bien qu’arrivant en tête de liste au deuxième tour de scrutin, il déclara n’être pas candidat. Plus tard il refusa également les offres de Gambetta, qui lui proposa de faire soutenir sa candidature dans les Alpes-Maritimes contre le duc Decazes. Ses goûts étaient contraires aux luttes de la politique, bien qu’il fut un républicain fervent s’intéressant aux questions d’économie sociale.

Il travailla à la fondation de l’ouvre philanthropique et libérale de l’Orphelinat de la Seine, où il succéda à Henri Martin comme président.

Délégué cantonal du Ve arrondissement, il fonda le premier atelier scolaire à l’école communale de la rue Tournefort.

L’enseignement manuel tel qu’il l’a conçu, tel qu’il l’a organisé à cette école, est purement éducatif, distinct de l’apprentissage, comme l’orthographe et la syntaxe sont distincts du style et de la création littéraire.

En 1882 une mission officielle lui fut confiée par le ministre de l’instruction publique, M. J. Ferry, sur la demande de M. le directeur de l’enseignement primaire, M. Buisson. Cette mission avait pour but d’étudier l’état de l’enseignement manuel en Allemagne et en Scandinavie. Après cette mission, le ministère de l’instruction publique nomma M. Salicis inspecteur général hors cadre et le chargea d’organiser des cours normaux d’enseignement manuel, dont sont sortis les