Page:Revue pédagogique, second semestre, 1889.djvu/620

Cette page n’a pas encore été corrigée
610
REVUE PÉDAGOGIQUE

choque tout d’abord l’oreille, ce qui provoque la correction réfléchie. — Choisir les lectures de telle sorte qu’elles donnent à l’élève des notions utiles : l’auteur veut qu’on l’initie à la civilisation et au caractère du peuple dont on apprend la langue, et il conseille la petite histoire de France de Duruy et un bon recueil de morceaux choisis ; en France, nous commençons plutôt par des leçons de choses sur des objets usuels, et nous croyons n’avoir pas tort. — Faire, dès le premier jour, des exercices de conversation, et les poursuivre sans interruption, en y consacrant le plus de temps possible. Sur ces exercices si importants, l’auteur ne donne pas d’indications plus précises ; il pense sans doute, et avec raison, que rien, dans l’enseignement des langues vivantes, ne dépend davantage du maître. Mais cela, nous le faisons encore, et, tout récemment, le Conseil supérieur de l’instruction publique a décidé qu’une heure supplémentaire serait consacrée chaque semaine, dans les écoles normales, aux exercices de conversation.

Ainsi, nous ne trouvons rien, dans la méthode préconisée par le Dr Korell, que nous ne pratiquions nous-mêmes. Si donc les Allemands obtiennent, dans l’étude du français, plus de résultats que nous n’en obtenons dans l’étude de l’allemand, c’est à une autre cause qu’il faut l’attribuer. Cette cause, elle est facile à trouver : les écoliers allemands consacrent à l’étude du français au moins deux fois autant de temps que nos écoliers n’en peuvent donner à l’étude de l’allemand. Par exemple, dans le Réalgymnase de Francfort-sur-l’Oder, les élèves consacrent en moyenne, pendant cinq ans, environ cinq heures par semaine à la langue française ; à l’école primaire supérieure de filles de Leipzig, plus de cinq heures par semaine pendant sept ans ; tandis que, dans le premier de ces établissements, on ne donne que trois heures, et, dans le second, quatre environ, à la langue maternelle. Nos méthodes valent les méthodes allemandes, ou plutôt elles n’en diffèrent pas sensiblement : qu’on nous donne, comme à nos rivaux, du temps, nous obtiendrons les mêmes résultats qu’eux.

A. G.,
Professeur d’allemand.