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Zèle infructueux, vaines promesses ! les évènements furent les plus forts. Mais aussi quels événements : le peuple aux Tuileries (journée du 20 juin), le manifeste de Brunswick, la patrie en danger, le 10 août, la défection de Lafayette, les Prussiens à Verdun, les massacres de septembre ! Voici d’ailleurs la série chronologique des dates relatives au projet d’instruction publique :

Le 25 mai a lieu à l’Assemblée la deuxième lecture du projet du Comité (deuxième lecture qui n’avait, à notre connaissance, été mentionnée par aucun historien) ; en même temps Condorcet présente l’aperçu des dépenses qu’entraînerait l’exécution de son plan. — Le 14 juin, l’Assemblée décrète que chaque semaine un jour sera consacré à la discussion du plan d’instruction publique ; malheureusement les incidents les plus graves viennent coup sur coup se mettre à la traverse de cette louable résolution : la démission de Dumouriez, la journée du 20 juin, Lafayette essayant d’insurger la garde nationale contre l’Assemblée, la discussion du décret sur la patrie en danger, la suspension du maire Pétion, la fédération du 14 juillet, qui empruntait cette fois aux circonstances quelque chose de tragique, la promulgation du décret déclarant la patrie en danger, le manifeste de Brunswick. Eh bien, tout cela n’empêche pas le Comité, qui ne doute de rien, de revenir à la charge ; et à la veille du renversement du trône, — le 6 août, chose à peine croyable ! — il donne mandat à Condorcet de rappeler à l’Assemblée sa promesse. Force est bien au représentant du Comité de différer de quelques jours pour s’acquitter de sa mission ; mais dès le 13 août, — trois jours après la sanglante bataille où la royauté s’est écroulée, — il vient demander à l’Assemblée de replacer à son ordre du jour le plan d’instruction ; et sur le champ celle-ci décrète qu’elle s’occupera de l’organisation de l’instruction publique immédiatement après avoir terminé le décret sur l’état civil des citoyens. — Le 20 août un membre impatient demande, sans l’obtenir d’ailleurs, que le projet d’éducation nationale soit mis en discussion immédiatement. — Puis arrivent pétitions sur pétitions. Le 30 août, la ville de Rennes réclame la prompte organisation de l’éducation nationale ; l’Assemblée décrète la mention honorable de l’adresse, et renouvelle sa promesse « de s’occuper de cet important objet aussitôt qu’elle aura terminé la