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ment magistral de toute l’époque révolutionnaire : la Convention se l’appropriera, les divers partis s’en inspireront, Romme, Lakanal et Daunou en feront revivre les parties essentielles, la loi de brumaire an IV fera entrer dans le patrimoine de la nation sinon l’ensemble de cette grandiose conception, du moins quelques-uns de ses traits caractéristiques, ne fût-ce que par la création des écoles centrales et celle de l’Institut. C’est ce document, œuvre d’un philosophe, d’un savant, d’un politique et d’un patriote, qui forme, en quelque sorte, le centre de ce volume, comme il fut l’objet capital des délibérations pendant les onze mois d’existence du Comité.

Les Archives nationales, qui ont encore tant de trésors à nous révéler sur toutes les époques, même — on pourrait dire « surtout » — sur celle de la Révolution, possèdent deux registres manuscrits, l’un contenant les procès-verbaux des délibérations du Comité, l’autre le texte des projets de décrets lus en séance : ces deux registres font naturellement le principal objet de la publication. Mais ces procès-verbaux officiels ont l’inconvénient d’être le plus souvent ou très secs ou très brefs. Ce qui en accroît singulièrement l’intérêt, ce qui leur donne parfois la vie et le mouvement, c’est une suite d’extraits empruntés aux trois cents cartons dans lesquels se trouvent, classées ou non comme se rapportant à l’instruction publique, des pièces inédites de la plus grande variété : lettres, adresses, rapports, pétitions, mémoires, comptes-rendus, documents d’enquête, d’instruction, de police, de statistique, etc.

Pour fouiller avec bonheur dans une mine si riche, mais si mêlée, il fallait beaucoup de temps, encore plus d’érudition, une rigueur d’impartialité à toute épreuve et un merveilleux esprit d’ordre. L’écrivain qui s’est trouvé remplir toutes ces conditions n’est pourtant ni un homme de loisir ni un archiviste de profession. Il n’est autre que le secrétaire de la rédaction de la Revue pédagogique, M. J. Guillaume.

Nous serions plus gênés pour dire ici de son travail tout le bien que nous en pensons, si des juges plus autorisés n’avaient déjà rendu hommage et à cette publication et aux études antérieures de M. Guillaume sur la même époque, notamment à son grand article Convention, publié en 1879 dans le Dictionnaire de pédagogie : c’est là — qu’il nous soit permis de le rappeler en