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REVUE PÉDAGOGIQUE

Le capitaine Filoz, chargé par l’amiral Dupré, gouverneur de la Cochinchine, d’aller prendre des empreintes moulées dans les ruines d’Angcor, passa à Angcor-Thôm et resta trente-six jours à Angcor-Watt, d’où il rapporta une ample moisson de moulages et même de bas-reliefs et de statues détachés du monument. Il fallut huit chars pour transporter ces richesses.

Rien ne peut donner une idée de la grandeur et de la magnificence de ces palais que la végétation tropicale a envahis et devant lesquels on demeure « muet de surprise et d’admiration ».

À Angcor-Watt seulement, l’ensemble du monument couvre une superficie de plus d’un kilomètre carré. « Les bas-reliefs d’une seule des galeries s’étendent sur plus de deux mille mètres carrés et chaque mètre carré renferme plus de trente figures d’hommes et d’animaux. Des piliers sont couverts, de la base au sommet, de sculptures dont les sujets ont à peine quelques millimètres. Les marches des escaliers sont de véritables œuvres d’art. Tout a été fouillé par le ciseau de l’artiste. Que dire enfin de ces toits de dentelle qui se continuent pendant des kilomètres, de ces vingt-cinq tours dont chaque pierre est sculptée.

» Il a fallu des milliers d’hommes, travaillant pendant un siècle, pour extraire les matériaux, les mettre en place, les sculpter, creuser les bassins, construire les temples. *

Les détails intéressants et instructifs abondent dans les notes du capitaine Filoz. Quiconque aura lu son petit volume se fera une idée exacte de ces pays, où, sous l’action de l’humidité et d’un soleil de feu, les énergies de la nature sont si puissantes, où la végétation est si riche, la vie animale si active. Là ont brillé jadis des civilisations avancées, disparues aujourd’hui et inconnues, de l’histoire. Pour toutes traces de leur passage et de leur splendeur, elles n’ont laissé que des ruines, et ces ruines elles-mêmes sont en train de périr.

Lycées et collèges de jeunes filles : Documents législatifs et administratifs concernant l’enseignement secondaire des jeunes filles ; avec avant-propos et préface par M. Camille Sée, cinquième édition ; Paris, Léopold Cerf, 1889, 1 vol. in-8° ; xxx-645 pages. En analysant, dans son numéro du 15 février 1888 (p. 179 et 180), la 4e édition de cet ouvrage important, la Revue pédagogique a signalé à ses lecteurs le rôle prépondérant joué par M. Camille Sée dans la préparation et le vote de la loi du 21 décembre 1880, dont il surveille depuis neuf ans l’exécution avec la sollicitude la plus éclairée. La publication de la 5e édition constitue un nouveau service rendu par l’auteur à la cause de l’enseignement secondaire des jeunes filles, Aux nombreux et instructifs documents déjà contenus dans les précédentes éditions, M. Camille Sée ajoute les actes administratifs postérieurs à 1887 ; il y joint l’état nominatif de tout le personnel des lycées et collèges de