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DISCOURS DE M. GRÉARD

Morale en proposant l’étude des logements d’ouvriers dans leurs rapports avec l’esprit de famille. Créer le foyer, c’est créer la famille. Les anciens avaient fait du culte du foyer la base de la religion. L’âme du foyer est douce et bienfaisante à ceux qui en entretiennent l’amour et le respect. En invitant à l’esprit d’ordre, en inspirant le goût de la prévoyance, en resserrant le lien des affections, le foyer transforme les habitudes, discipline les sentiments, fait germer les vertus. Petites vertus, si l’on veut ; mais ce sont ces vertus de tous les jours qui soutiennent la famille, et, avec la famille, la société. Celui qui, par les exemples donnés et pratiqués autour de lui, enfant, époux et père, aura compris le bienfait de l’autorité, la dignité de l’obéissance, les salutaires devoirs des hiérarchies nécessaires, celui-là ne sera jamais tenté de prendre pour règle ! a formule du blasphème et de la révolte : « Ni Dieu, ni maître. » La section de Morale a regretté que sa pensée n’ait pas été suffisamment comprise. Des trois mémoires sur lesquels s’est arrêtée son attention (les trois autres étant restés trop en dehors du sujet), l’un a pris la question en économiste, l’autre en architecte, le dernier en juriste. Sans doute il n’était pas sans intérêt d’établir ce qu’une statistique étendue à tous les états, à toutes les villes, et, dans les grandes villes, à tous les quartiers, peut nous apprendre sur la déplorable organisation des logements d’ouvriers. Encore moins devions-nous être indifférents à l’exposé des règles techniques suivant lesquelles cette organisation a besoin d’être réformée, pour donner satisfaction aux conditions d’une orientation salubre, d’un aménagement commode, d’une indépendance sans isolement et d’un rapprochement sans promiscuité. C’était enfin une diversion heureuse que de nous montrer, pour rendre à la vie de famille son attrait, les dangers et les vices du célibat, en s’appuyant sur le vœu du législateur. Mais c’est à l’étude de l’action morale du foyer domestique que nous aurions voulu voir ramener ces aperçus juridiques et ces observations de métier. Cependant il est un mérite commun aux trois mémoires qu’il est bon de relever. Tous ils repoussent avec énergie l’indiscrète intervention de l’État. Chacun d’eux se distingue, en outre, par des mérites propres que la section a jugés dignes de récompense. L’Académie, tenant compte au n° 1 de la