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REVUE PÉDAGOGIQUE

portance. Nous aimons surtout à en signaler le caractère. Les dates de ces donations portent avec elles leur enseignement. Les premières remontent à l’époque où l’Académie a été reconstituée ; elles ont été déposées comme dans son berceau. Les autres se rattachent plus particulièrement à deux périodes : à celle qui a suivi l’explosion des idées de 1848 et à celle que nous traversons aujourd’hui et dont on ne saurait dire que le respect des traditions soit la faiblesse. Il n’est pas sans exemple que des exécuteurs testamentaires se présentent à nous, legs en main, et disent : « Faites-en ce que vous voudrez dans l’esprit de votre institution. » Mais d’ordinaire ces dons ont leur destination marquée. Si à l’origine on tenait pour suffisant d’en indiquer le but d’un mot, aujourd’hui on serre davantage les questions, qui nous étreignent elles-mêmes de plus près. Soit pour seconder les courants de l’opinion, soit pour aider à les redresser, on veut, avec vous et par vous, exercer une action.

Cette action, l’Académie n’en récuse point l’autorité. D’autres classes de l’Institut vivent plus ou moins dans le passé et sur le passé. C’est l’état social contemporain qui est le principal objet et la matière de vos travaux ; ce sont les spéculations philosophiques et morales, les sentiments, les intérêts au milieu desquels le monde moderne se développe et se transforme, dont vous suivez l’étude, observant le présent impartialement, dans ses misères comme dans ses grandeurs, à la lumière des lois éternelles, et travaillant à fonder l’avenir sur les bases chaque jour plus larges et mieux assurées de la raison et de la justice. À recueillir depuis soixante ans les programmes de nos concours, on retrouverait l’histoire des idées qui ont ému l’esprit public, profondément marquée de l’empreinte de vos fermes et libérales directions. Pour ne prendre que les sujets de cette année, — le pessimisme, la morale de Spinoza, la permanence des lois économiques, le revenu de la terre, la mer territoriale, les emprunts, la dette, les logements d’ouvriers, l’assistance dans les campagnes, — en est-il qui ne se rapporte à un de nos besoins les plus pressants, à une de nos préoccupations les plus prochaines, au péril d’hier ou au progrès de demain ? Et, dans cette variété de questions propres à solliciter toutes les vocations du talent, l’unique prescription que nous imposions, c’est de partir de