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REVUE PÉDAGOGIQUE

de Suisse, mais aussi de la Hollande et des vallées vaudoises. Le premier jour, un cortège historique a parcouru les rues du village : on y voyait, au premier rang, un char représentant l’arrivée des huguenots dans les montagnes du Taunus ; puis venaient les corps de métiers tels qu’ils étaient autrefois et qu’ils sont encore aujourd’hui, les tanneurs, les chapeliers, les tisseurs. « Après avoir fait le tour de la ville, le cortège se dirigea vers une pittoresque promenade plantée d’arbres où a été érigé, en 1873, un buste de Frédéric II, landgrave de Hesse-Hombourg, celui qui, il y a deux siècles, accueillit à bras ouverts les premiers réfugiés. On comprend toute la reconnaissance que les habitants de la colonie doivent éprouver encore aujourd’hui pour ce prince magnanime qui a laissé dans l’histoire une mémoire où la bravoure n’est égalée que par la bonté. Un jour que son entourage lui reprochait de trop dépenser pour les réfugiés, il répondit ces belles paroles : « Je préférerais vendre toute ma vaisselle d’argent plutôt que de ne pas secourir ces braves gens. » Aussi est-ce un acte de sincère et pieuse reconnaissance qu’accomplissaient les jeunes filles de Friedrichsdorf en couronnant son buste de fleurs. »

Après un banquet qui a réuni tous les invités, de nombreux discours ont été prononcés. Et ici, recueillons un détail que raconte M. Sabatier, et qui nous paraît plus éloquent à lui seul que tout ce qu’ont pu dire les orateurs :

« Pendant que mes voisins sténographiaient les toasts, dit-il, je me suis approché du curé, qu’on avait invité à la fête et qui était venu sans hésitation. Je livre ce simple fait à la méditation des gens paisibles. Combien devra-t-il, dans notre Alsace, s’écouler de générations avant qu’un prêtre vienne s’asseoir au milieu de protestants qui célèbrent le jubilé de la fondation de leur église ? Il était du reste parfaitement heureux et à l’aise au milieu des « parpaillots ». Je voudrais proposer ce bon et conciliant curé en exemple à tous ses confrères d’ici et d’ailleurs, voire même à un certain nombre de pasteurs. »

L’enfant devant la loi, Conférence faite à l’Association polytechnique par M. Gustave Berger, délégué cantonal. Paris, Chaix, 1887 ; in-8°, 40 pages. — Dans une conférence qui est à la fois une chaleureuse et vivante causerie et un substantiel résumé des textes techniques, M. Gustave Berger a traité devant une section de l’Association polytechnique un sujet vraiment intéressant et bien choisi : L’enfant devant la loi. C’est l’esquisse d’une monographie passant en revue les diverses lois qui concernent l’enfance, d’abord les lois de protection physique, ensuite les lois de protection intellectuelle et morale.

Dans le premier groupe se placent la loi du 23 décembre 1874, sur les enfants en bas âge, à laquelle est attaché un nom qui ne sera