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REVUE PÉDAGOGIQUE

du bois. Le directeur ne veut pas que les futurs forgerons et quincailliers soient inhabiles à scier et à tourner le bois ou à faire un assemblage.

L’élève passe ensuite à l’étau, à la lime, à la forge ; puis dans les ateliers du ferblantier, du vernisseur, du trempeur, de l’affileur, du polisseur, du galvanisateur. Il acquiert ainsi une certaine aptitude générale pour les différentes parties de son futur métier.

J’ai vu les élèves à l’œuvre. J’ai examiné les travaux divers faits par les deux promotions qui ont quitté l’école en 1884 et 1885. Ils sont tous exécutés avec goût et un certain fini ; on voit que les élèves ne sont pas des manœuvres, mais qu’ils ont reçu une certaine éducation artistique par le dessin.

Aux personnes qui objecteraient que neuf heures de classe et d’atelier par jour imposent aux élèves un travail trop considérable, le directeur répond que cette association du travail et des études exerce une action des plus salutaires sur le développement physique des jeunes gens. Et en effet la mine de santé et l’entrain des élèves quand ils s’ébattent dans la cour, entre les classes, montrent bien que cette alternance des travaux intellectuels et manuels ne les fatiguent pas.

À la fin de la deuxième année les élèves subissent un examen écrit et oral sur les différentes matières enseignées ; ils exécutent une série de travaux dans les ateliers, et ils confectionnent huit objets indiqués par le jury d’examen et pris dans les différentes branches de la fabrication.

En 1884, onze élèves, dont six n’avaient reçu que l’’intruction élémentaire d’une école primaire, ont quitté l’école. L’un d’eux a obtenu la note « distingué », un autre « très bien », trois « assez bien », quatre « suffisant », deux la note « à peine suffisant ». Ces notes sont inscrites sur leurs diplômes.

En 1885, dix-neuf élèves ont subi l’examen de sortie avec les notes : distingué (1), bien (4), suffisant (10), insuffisant (4).

Ils sont tous entrés dans des ateliers, pour terminer leur apprentissage ; mais ils gagnent immédiatement, par semaine, sept fois 1 fr. 25 c. ou sept fois 2 francs pour les six jours de travail ; soit 8 fr. 75 c. à 14 francs par semaine.

Comme on le voit, le principe posé est celui-ci : L’école commence l’éducation technique de l’ouvrier, elle ne remplace pas l’atelier, ce que Je directeur exprime très heureusement par cette formule : Die Schule bildet vor, nicht aus, — Elle commence l’apprentissage, elle ne le finit pas.

Aussi le conseil de perfectionnement de l’école tient-il la main à ce que tous les élèves aillent dans les ateliers en quittant l’école. Ils sont d’ailleurs recherchés par tous les patrons intelligents.

Il va sans dire qu’ils ne resteront pas ouvriers ; ils deviendront contremaîtres par la force des choses. Mais c’est précisément le but