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REVUE PÉDAGOGIQUE

tiles, telle qu’au repos la pointe de l’ongle est relevée et préservée de tout frottement et de toute usure ; montrez-leur, dans la gueule, les dents longues et pointues qui saisissent la proie, et d’autres, tranchantes, qui jouent l’une sur l’autre comme des ciseaux, pour couper et déchiqueter la chair. De tels organes sont faits pour une certaine fonction. que l’entant n’aura pas de peine à découvrir ; et de ces observations particulières et d’autres analogues, vous lui ferez aisément tirer les caractères généraux des carnivores. Insistez sur le rapport qu’on observe toujours entre l’organe et la fonction. La grenouille, avec ses modes successifs de respiration. vous fournit un autre exemple : celui des modifications ou des transformations que subit l’organisme pour s adapter à son milieu.

Conclusion.

Ne manquez pas une occasion de faire apercevoir cette relation constante entre la fonction et le milieu, entre l’organe et sa fonction, c’est-à-dire sa fin. Faites sentir l’harmonie entre les êtres et ce grand ordre de la nature où tout a sa raison. ci se présente à nous une grave question. Le maître peut-il aller plus loin et, de cette idée d’un ordre intelligent, s’élèvera-t-il à l’idée d’un Ordonnateur du monde, à l’idée de Dieu ?

Là-dessus on se divise. Beaucoup de grands esprits, des maîtres de la science, et, au premier rang de tous, le promoteur contemporain des plus vastes généralisations zoologiques, Darwin, se prononcent pour l’affirmative. D’autres n’osent affirmer non plus que nier ; à dire sincèrement et simplement ma pensée, je suis de ceux-là : j’attends. En tous cas, vous ne courrez aucun risque de vous tromper, en enseignant, à l’école primaire, que le monde est ordonné comme s’il y avait eu un Ordonnateur.