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REVUE PÉDAGOGIQUE

application de la physiologie. Comme il y a une chimie agricole et une chimie industrielle, il y a une botanique élémentaire dont l’horticulteur et l’agriculteur ne sauraient se passer. Enfin, les éléments de la zoologie et des notions particulières sur les mœurs et les besoins de nos animaux domestiques sont indispensables pour l’élevage, et le soin de la basse-cour.

Si précieux qu’ils soient, ces avantages pratiques ne sont pourtant pas ceux qui nous touchent le plus. Nous mettons à plus haut prix les services que les sciences naturelles peuvent rendre pour l’éducation de l’esprit. Ce n’est pas dépasser la portée éducative de ces sciences que de leur attribuer, dans l’éducation intellectuelle à l’école primaire, un rôle de premier ordre, — tant parce qu’elles donnent satisfaction aux premiers besoins de l’esprit de l’enfant, et, par exemple, à son instinct de curiosité, — qu’à cause des habitudes d’observation attentive et circonspecte, de réflexion et de raisonnement, etc., qu’elles lui font prendre. Par elles, il s’accoutume à bien voir, à vérifier l’exactitude des faits et des idées qu’on lui expose, à ne juger qu’après examen. 11 apprend qu’il n’y 4 pas dans la nature de caprice ou de miracle : l’étude des sciences le délivre de l’esprit de superstition.

Enfin l’enseignement des sciences naturelles peut contribuer encore à retenir le paysan dans son village. Les campagnes se vident ; c’est un fait qui tient à de multiples causes ; on ne l’empêchera pas facilement de se produire. S’il y a pourtant un moyen d’attacher le laboureur à ses champs, c’est sans doute de lui faire aimer ses occupations et son genre de vie, — de lui révéler, pour ainsi dire, la nature, — de le mettre en état de comprendre l’histoire merveilleuse que racontent les animaux, les végétaux, et les pierres mêmes, — enfin, de lut faire prendre intérêt aux êtres et aux choses au milieu desquels il vit.

II. — Méthode d’enseignement pour les sciences naturelles, — à l’école normale, — à l’école primaire.

Deux conditions surtout sont nécessaires pour bien enseigner les sciences : la première est de les aimer beaucoup, — la seconde, de disposer d’une bonne méthode. Or, la méthode ne saurait être la même à l’école normale et à l’école primaire.