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LA PRESSE ET LES LIVRES

dans sa ville. Là, on s’est décidé à ouvrir une école spéciale pour les enfants d’une intelligence au-dessous de la moyenne. L’entreprise était hasardeuse ; elle a réussi. À Pâques 1881, après de longues délibérations, on a fait l’essai d’ouvrir, pour un an, ce qu’on a appelé une classe auxiliaire ; elle a tout de suite compté 29 élèves ; les autorités municipales n’ont pas attendu la fin de l’année pour transformer le provisoire en définitif, lorsqu’on se fut assuré que cette institution était un véritable bienfait pour les autres écoles de la ville. Au bout de six mois, la moitié de ces enfants étaient déjà transformés : au lieu de créatures sombres, sournoises, déprimées, à demi sauvages, on avait des écoliers joyeux, se prêtant aux exercices et se livrant aux jeux avec entrain. Dans l’automne de la même année, une seconde classe auxiliaire fut ouverte ; une troisième au printemps suivant. C’est aujourd’hui une école véritable, avec trois classes dont chacune comporte un cours de deux ans, et qui renferme plus de soixante-dix enfants naguère perdus, écrasés, bafoués, et qui reçoivent désormais des soins et des enseignements appropriés à leur nature.

Voici comment on s’y prend pour recruter les élèves. Ce sont les instituteurs des autres écoles publiques qui désignent ceux de leurs écoliers qui leur paraissent au-dessous du niveau commun ; ils sont examinés par un jury composé d’un médecin spécial, d’un des maîtres de l’école auxiliaire et du directeur de l’enseignement. Les parents sont prévenus de la décision de ce jury ; on ne les contraint pas à envoyer leurs enfants dans l’école auxiliaire : ils peuvent les placer dans des écoles privées. Mais la plupart du temps ils donnent leur assentiment, se rendant bien compte de l’excellence du but poursuivi, et ils ne tardent pas, en voyant les résultats, à remercier de ce qu’on a fait pour leurs enfants. Il y a des familles qui vont même au devant, qui demandent spontanément l’admission de leurs enfants dans l’école auxiliaire. Cette école est mixte ; aux trois instituteurs est adjointe une maîtresse pour les travaux de couture des filles et un maître pour les travaux manuels des garçons.

Le programme des études est très simple. Il comprend pour la semaine entière 3 heures de religion, 3 heures d’enseignement par l’aspect, 4 heures de calcul, 6 heures de langue maternelle, lecture, exercices, grammaire, 2 heures d’écriture, 4 heures de travail manuel, 2 heures de gymnastique. Tous ces exercices sont plus courts, et coupés de dessin et de chant pour les deux premières années.

Il va sans dire qu’il ne peut y avoir de règle absolue et uniforme, et que les maîtres font tout le possible pour se mettre à la portée des différentes natures qu on leur confie.

Sur cent élèves des écoles publiques, dit M. Kielhorn, on ne trouve pas un de ces enfants mal doués, de ces sortes d’infirmes qui ont besoin de soins particuliers : il en estime le nombre à environ 2 sur 300. Mais ces soins particuliers, il ne pense pas qu’il soit avantageux de les chercher dans l’éducation privée ; il faut à ces